Une double famille (autre titre, La Femme vertueuse) est un roman en deux parties qui n’en forment qu’une (le chapitre 1 contient la première intégrale) ; il s’agit de la double vie d’un homme, malheureux dans son ménage avec une comtesse bigote, qui s’éprend d’une grisette et se trouve être le chef d’une double famille. Balzac attaque férocement les excès de la bigoterie responsable de la vie ratée de son héros.
La morale de cette triste histoire d’adultère valable vers les années 1820, se trouve dans les dernières lignes :
« Le défaut d’union entre deux époux, par quelque cause qu’il soit produit, amène d’effroyables malheurs : nous sommes, tôt ou tard, punis de n’avoir pas obéi aux lois sociales. »
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Livre audio gratuit ajouté le 19/11/2012.
Dans “La Vendetta”, Balzac nous montre l’Amour à la folie, ici, il nous explique la folie de l’Amour pour Dieu.
Dans les deux cas, la finalité est la même; malheur et mort.
Merci à vous Monsieur Depasse.
Balzac a écrit – une double famille – en février et mars 1830 , en deux mois donc . Sa capacité , ses facilités d’écriture , bien connues sont impressionnante . Deux mois pour écrire ce livre , quelle performance ! Il avait alors 31 ans .
Son sujet de prédilection me semble être l’éducation des filles . Une bonne éducation donne lieu à des femmes posées qui donnent le bonheur autour d’elles ainsi qu’à elles-mêmes (le modèle étant Modeste Mignon) . Quant aux autres jeunes filles , elles diffusent à tout-va le malheur , et pour elles, et pour leur entourage.
Jusqu’à ce roman, – une double famille- dans la – comédie humaine –, les destins heureux des jeunes filles devenues femmes sont rares. Les filles bien éduquées sont rares.
Balzac , dans ce livre comme dans les autres , donne son avis de narrateur . Il commente . Il dit les conséquences d’un certain nombre d’état de fait notamment du défaut d’éducation.
Dans – une double famille -, le désastre au niveau des conséquences est universel. Émilie est une jeune fille mal éduquée car confite en bigoterie . Elle n’aurait jamais dû se marier . Elle ne sait que faire le malheur de son mari , la religion se présentant pour elle comme un empêchement à vivre . Elle ne peut faire le bonheur autour d’elle . Le désastre est de grande ampleur.
L’on aurait pu croire que le destin de Caroline aurait été meilleur . Lorsqu’elle rencontre celui qu’elle aimera , Roger, qui deviendra le comte de Granville, elle est d’une condition extrêmement modeste . Elle est même pauvre. Elle a du mal à payer son loyer en compagnie de sa mère , du mal à se nourrir. Elle tombe amoureuse de Roger de Granville et tout compte fait elle connaît le bonheur certes au sein d’un amour non légitime . Le compe de Granville entretient sa maîtresse (c’est une double vie) ainsi que ses enfants naturels . Tout semble aller bien , au fond et pour Caroline, et pour Roger de Granville qui trouve le bonheur auprès d’elle.
Balzac ne se contente pas de souligner extrêmement nettement , extrêmement explicitement , les errements d’Émilie . Il en profite pour souligner que Roger est un homme à plaindre . Balzac m’a semblé ici prendre beaucoup le parti des hommes. Il crée une deuxième famille. On peut lui pardonner. Tout est lié au comportement fautif et coupable d’Émilie .
Émilie, la femme de Roger de Granville, s’est repentie. Elle a même voulu reprendre son mari, tenter de l’aimer lorsqu’elle apprend l’adultère ; le compte de Granville la rejette d’une façon que j’ai trouvé dure ; il ne lui a donné aucun espoir , aucune autre chance alors qu’elle semblait avoir évolué. Il apparaît intransigeant . Cette femme est malgré tout la victime d’une éducation totalement fermée. Le compte de Granville refuse en disant en disant que l’amour ne se commande pas « je ne t’aime plus , l’amour ne reviendra jamais » dit-il. Il m’a semblé décidément que dans ce roman, que de chance est offerte à ce personnage Émilie j’ai trouvé également que pendant cette scène, le compte de Granville avait malgré tout la part belle…
Le message pourrait être clair . Émilie de Granville a créé son malheur. Caroline et Roger de Granville quant à eux ont une vie, en marge de la légalité, mais singulièrement heureuse… mais, lorsque l’on arrive à la fin du roman, les choses ne sont pas si claires… La fin peut paraître surprenante. L’ensemble de ce bel échafaudage où le bonheur existe au moins pour quelques-uns des personnages s’effondre . On apprend de façon très rapide à la fin que Roger de Granville est au final le plus malheureux des hommes . Caroline qui s’est laissée porter avec bonheur par son amour pour Roger est ensuite tombée amoureuse d’un autre homme beau mais qui n’a pas de valeur humaine . Roger ne croit plus en rien .
Que penser de ce désastre universel qui envahit l’ensemble du roman ? personne n’est sauvé. Émilie de Granville regrette d’avoir laissé échapper son mari . Son mari est intransigeant , ne veut pas lui redonner une autre chance. Le comte de Granville était sûr de lui , moralisant . Il faisait la leçon à sa femme « tu m’as perdu , lui disait-il, c’est ta punition, une juste punition ». Mais lui-même se trouve puni également. Caroline ne sera pas plus heureuse car elle aime quelqu’un qui ne l’aime pas et qui provoquera sa perte
Quel peut bien être le message que souhaite nous communiquer ici Balzac ? On peut être perplexe devant ce désastre « tous azimuts ».
Il me semble que :
– Émilie n’a pu trouver le bonheur car elle a oublié tout simplement l’humanité en étant enfermée dans des préceptes religieux absurdes et excessifs
– Roger ne trouve pas davantage le bonheur . Il a épousé sa première femme sur la foi d’un joli visage sans étudier suffisamment son caractère
– il a sans doute pris plus de précautions avec Caroline (il avait été échaudé) . Il a pris du temps .Il a choisi cette femme car il a pensé qu’elle saurait l’aimer. Effectivement elle lui donne de l’amour . Le problème est qu’elle ne donne pas de l’amour au même homme pendant toute sa vie , comme si elle manquait de valeur morale profonde .Il semblerait que Caroline qui a la qualité de pouvoir satisfaire un homme , de lui donner de la douceur et de l’amour , a un défaut majeur : le manque de constance , le manque de profondeur. Elle prendra une grande décision dans sa vie pour un joli visage…
– Roger a recherché son plaisir personnel . Il le dit clairement quand il critique sa femme , et lui fait la leçon une fois qu’elle veut revenir vers lui . Mais son plaisir personnel se conclut, à la fin du roman , par le désastre .
Serait-il à dire que tous les personnages qui nous a montré dans ce roman sont des personnages insuffisamment profonds ? J’aurais envie de conclure ainsi . Ni Émilie ni Caroline n’ont visiblement pas une éducation suffisante (elles sont des femmes !) . Mais Roger semblerait ne pas avoir disposé de valeurs suffisamment fortes pour trouver la femme qui lui convenait, aussi bien comme épouse que comme maîtresse. C’est d’ailleurs le conseil qu’il donne à son fils qui devrait étudier longuement sa fiancée avant de l’épouser .O n retrouve ici l’idée que Balzac développera dans – Modeste mignon – (il écrira ce livre 15 ans plus tard ) où le mariage sera réussi mais, dans ce but, Modeste mignon fera une étude circonstanciée « sous toutes les coutures » de son fiancé pour être sûre de son futur époux . Balzac semble donc préconiser d’être extrêmement prudent avant de s’engager dans les liens du mariage.
Dans les livres qui précèdent, les femmes semblaient fautives lorsque le malheur était engendré par le mariage.
Dans ce livre ci, il s’agit plutôt de l’homme , Roger , qui , à chaque fois , fait les – mauvais – choix . C’est lui qui se tourne vers Émilie pour la choisir comme épouse. C’est lui qui se tourne vers Caroline pour la choisir comme maîtresse .
Ainsi donc dans ce livre il semblerait que cette extrême vigilance que doit avoir une personne avant de choisir son conjoint ou sa conjointe pour la vie doit être l’apanage aussi bien des femmes que des hommes.
Essai de classification des premiers romans de la – comédie humaine -:
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******histoire d’amour
La Maison du chat-qui-pelote
Mémoires de deux jeunes mariées
La Bourse
Modeste Mignon
Albert Savarus
La Vendetta
le bal de Sceaux
une double famille
******observation sociale (course à la fortune)
Un début dans la vie (1844)
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*** ***personnages (souvent des jeunes filles) choisissant mal leur conjoint
la maison du chat qui pelote (le manque d’éducation de la jeune épousée au début de son mariage fera que elle ne saura – garder – son époux en dépit de ses – progrès –)
Albert savarus (une jeune fille solitaire jette son dévolu hystériquement sur son voisin)
vendetta(la jeune fille se marie sans le consentement des parents)
le bal de Sceaux (la jeune fille refuse un conjoint pour une mauvaise raison, son orgueil social)
une double famille (Roger est incapable de choisir aussi bien comme épouse que comme maîtresse une femme qui lui convient).
****** personnages sachant être vigilants pour choisir son conjoint
mémoires de deux jeunes mariées
modeste mignon : idem…
******en dehors de cette catégorie
un début dans la vie
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Monsieur Depasse
Merci pour ce cadeau que vous nous faites à chaque lecture
Merci M.Depasse.
Lire un livre de Balzac c’est bien, ce le faire lire par quelqu’un c’est encore mieux!
Merci M. Depasse.