Troisième Conte drolatique sur le site, L’Héritier du diable est une nouvelle gaillarde et truculente à la mode de Rabelais. Il est bon que Balzac nous rappelle qu’il est bien un auteur du XIXe siècle qui conte des saynètes tirées de la vie médiévale de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, à Paris ou en Touraine, parce qu’elles sont écrites dans le français du XVIe siècle avec un tel naturel qu’on pourrait s’y tromper !
« Il y avoyt alors ung bon vieulx chanoine de Nostre-Dame de Paris, lequel demeuroyt en un bon logiz à luy, prouche Sainct-Pierre aux Bœufs, dans le Parvis. Cettuy chanoine estoyt venu simple prebstre à Paris, nud comme dague sauf la guaisne. Mais, veu qu’il se trouvoyt estre ung bel homme, bien guarny de tout et complexionné si plantureusement, que, par adventure, il pouvoyt faire l’ouvraige de plusieurs sans trop s’esbrescher, il s’adonna trez fort à la confession des dames : baillant aux mélancholicques une doulce absolution ; aux maladifves, une drachme de son baume ; à toutes une petite friandise. Il feut si bien cogneu pour sa discrétion, sa bienfaisance et aultres qualitez ecclésiasticques, qu’il eut des practiques à la court. […]
De tous ces dires et rumeurs, il conste que le vieulx chanoine, diable ou non, demeuroyt en son logiz, ne vouloyt point trespasser, et avoyt trois héritiers avecques lesquels il vivoyt comme avecques ses sciaticques, maulx de reins et aultres despendances de la vie humaine. »
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