« En amour, comme en toute chose peut-être, il est certains faits, minimes en eux-mêmes mais le résultat de mille petites circonstances antérieures, et dont la portée devient immense en résumant le passé, en se rattachant à l’avenir. On a senti mille fois la valeur de la personne aimée ; mais un rien, le contact parfait des âmes unies dans une promenade par une parole, par une preuve d’amour inattendue, porte le sentiment à son plus haut degré. Enfin, pour rendre ce fait moral par une image qui, depuis le premier âge du monde, a eu le plus incontestable succès : il y a, dans une longue chaîne, des points d’attache nécessaires où la cohésion est plus profonde que dans ses guirlandes d’anneaux. »
Albert Savarus est un roman balzacien par excellence. Le cadre est Besançon, ville conservatrice, assez triste vers les années 1830. Y règne la riche famille des Watteville dont la jeune fille Philomène est le centre de l’action. L’arrivée dans la cité du brillant, mystérieux et ambitieux avocat Albert Savarus est le point de départ d’une histoire où se mêleront chicanes politiques, luttes du clergé et du gouvernement, problèmes d’héritages, manipulations de l’héroïne peu honnêtes, roman d’amour du héros et d’une princesse italienne criminellement interrompu, avec une double conclusion religieuse inattendue…
Albert Savarus, illustration de Oreste Cortazzo, 1897
Quel bel amour que celui d’Albert. Quelle belle utopie…Et quelle garce que cette Philomène !
Merci monsieur Depasse.
Sixième roman de « scènes de la vie privée », après :
* la maison du chat qui pelote : comment une éducation inexistante d’une jeune fille crée son malheur. Elle est « faite » pour tomber amoureuse. Elle a le malheur de « choisir » un être incapable de l’aimer dans la durée.
* Mémoire de deux jeunes mariées : le sort de deux jeunes filles ayant bénéficié de la meilleure éducation qui soit au début du XIXe siècle. Elles maîtrisent et choisissent leur vie
* la bourse : presque une bluette. Une histoire d’amour qui se termine bien. Une histoire légère. L’attention de Balzac se tourne encore vers une jeune fille . Son caractère est doux , tendre et honnête. La vertu sera récompensée.
* Modeste mignon : une jeune fille riche, extrêmement bien éduquée, choisira son mariage, et donc trouvera le bonheur…
* un début dans la vie : l’éclairage cette fois-ci se porte sur un caractère masculin , un jeune homme, un caractère en formation. Il ne s’agit pas cette fois ci de la conclusion ou non d’un mariage , réussi ou non. Le protagoniste est un homme. Le combat est social et non pas du côté des sentiments comme c’est le cas lorsqu’une femme est au centre de l’histoire.
Albert savarus : l’amour est au centre du roman.
La femme aimée une grande aristocratie italienne . Elle est belle , fine, subtile , ambitieuse , élégante , noble , intelligente. Honnête , elle est mariée. Elle aime son amoureux qui n’est pas son mari. Elle ne le lui cache pas. Mais demeurera honnête et respectueuse envers son mari jusqu’à la mort de Félicie (transposition de Mme Hanska que Balzac épouse après dix-sept ans d’attente). Alors elle pourra vivre son amour légitimement et aux yeux de tous . L’amoureux est fasciné par cette quasidéesse. Il est un homme : il doit aussi combattre dans le monde social , faire fortune , pour être à la hauteur de sa déesse.
L’amour est parfait . Le personnage féminin est parfait. Le personnage masculin est parfait (L’amoureux, Savarus, est intelligent, droit, élégant, travailleur) .
L’amour est exigeant et romantique . Il n’admet aucun compromis. Il place l’être aimé dans un firmament quasiment inaccessible .
On trouve cette approche dans un certain nombre de romans (mémoires de deux jeunes mariées, modeste mignon). Ce roman ci explore ce territoire de l’amour romantique , idéal , passionné.
Le « scénario » : il s’agit de l’histoire d’une lutte , celle Albert S. qui doit gagner ses galons sociaux , la fortune et la notoriété pour conquérir la belle Francesca . Un trublion s’introduit dans cette quête : Philomène , fille unique de bourgeois fortunés. Qui n’eut pas la chance de bénéficier d’une éducation intellectuelle. Et qui aura un destin détestable. Elle sera le mal incarné. Elle perdra les deux amants. Philomène utilise la ruse , l’hypocrisie , la fausseté. Une histoire haletante. Un scénario passionnant. Un long roman, qui nous mène de la Suisse où S. rencontre sa belle Italienne , une exilée politique , jusqu’à Besançon . Balzac décrit avec précision la vie de province avec ses travers , ses petitesses , son hostilité aux étrangers.
La perverse Philomène a un rôle central dans le roman. Elle mène le jeu d’une histoire qui tourne mal. De l’importance des femmes… des catastrophes engendrées par des femmes intelligentes mais mal éduquées. La femme ne semble pouvoir s’intéresser qu’à l’amour. Et ici, son action est éminemment destructrice.
Merci Mr Depasse, mon entreprise de lire la comédie Humaine avance, grâce à vous !!
Merci, Mr Depasse pour la lecture de ce roman passionnant .
Puis-je citer Wikipédia ?
“Philomène, dans un autre registre, fait partie des manipulatrices du même type que La Cousine Bette.”