Le Français Alphonse Allais (1854-1905) et le Suisse Henri Roorda (1870-1925) ont pratiqué le même humour, sur les mêmes sujets, souvent joué avec les mêmes calembours, fustigé leur époque avec la même insolence et le même bonheur. L’Hindou se tend, est-ce d’Allais ou de Roorda ?
Déjà sont sur le site des sélections de Le Roseau pensotant (sélection 1, sélection 2), l’intégralité de Le pédagogue n’aime pas les enfants, de Le Rire et les rieurs et de À prendre ou à laisser de Henri Roorda Van Eysinga.
On ne badine pas avec l’infini est un recueil de 77 courts articles, en grande partie, de La Tribune de Genève ou de La Tribune de Lausanne où nous avons cueilli au hasard une dizaine… pour vous donner envie d’en connaître davantage.
« Si l’on s’en tenait aux nouvelles que les feuilles publiques lancent chaque matin dans la circulation, on devrait croire que le monde est dans un état d’effroyable désordre et que l’humanité va bientôt sombrer dans la démence. Le journaliste ne nous parle des trains que lorsqu’ils déraillent. Il ne s’intéresse qu’aux piétons qui se font écraser par des automobiles. Contre les autres (qui sont pourtant plus intelligents), il fait la conspiration du silence. C’est seulement lorsqu’un village est détruit par un incendie ou par une avalanche qu’on nous révèle son existence. Je connais de très honnêtes gens dont le journal n’a jamais publié le portrait : pour le faire, il attend que ces êtres bons et vertueux aient commis un crime atroce ou qu’ils se soient livrés au commerce clandestin de la cocaïne. Enfin, pour nous donner de la vie une idée juste, on attire sans cesse notre attention sur les gouvernements renversés, les peuples révoltés, les grévistes syndiqués, les boxeurs tuméfiés et les tremblements de terre.
Eh bien, je dis qu’on nous trompe. Il règne dans l’univers un ordre admirable… etc »
Bonjour et un grand merci, pour tous les gens dont l’évasion de cet univers clos et morne remplis d’habitudes et de solitudes, peuvent en quelques coups de limes auditives scier les barreaux qui les protègent de l’extérieur.