« Regardez vivre librement les mains, sans l’appel de la fonction, sans la surcharge d’un mystère – au repos, les doigts légèrement repliés, comme si elles s’abandonnaient à quelque songe, ou bien dans l’élégante vivacité des gestes purs, des gestes inutiles : il semble alors qu’elles dessinent gratuitement dans l’air la multiplicité des possibles et que, jouant avec elles-mêmes, elles se préparent à quelque prochaine intervention efficace. »
Au gré d’un parcours subjectif dans l’histoire de la peinture, où se croisent Gauguin, Hokusaï et Rembrandt, l’historien de l’art Henri Focillon livre ici une méditation philosophique, anthropologique et poétique sur la main, « le dieu en cinq personnes », « instrument de la création, mais d’abord organe de la connaissance ».
Georg Philip Telemann, Sonate pour deux violons en ré majeur op. 2 no 1, Allegro, interprété par R.P. et E. Goldstein (licence Cc-By-Sa-2.0).
Bonjour Cyprien, je decouvre que vous preparez la lecture de ” La vie de Beethoven “. Dans l’impatience de vous entendre, merci pour ce choix qui coincide avec mon interet croissant pour ce compositeur enigmatique.
@Ahikar : Merci pour cette jolie découverte, qui en effet n’attend plus que de trouver un donneur de voix talentueux pour trouver sa place sur ce site… J’écouterai prochainement les texte d’Alain Yvars, que je ne connaissais pas.
@Aicha : merci de cette proposition, que je trouve néanmoins fort intimidante. Le génie minimaliste de Sei Shonagon requiert un donneur de voix (ou une donneuse) aguerri(e), et je ne suis pas du tout sûr de me sentir de taille (comme d’ailleurs pour d’autres poétesses de la forme brève dont je regrette l’absence sur LA, sans me sentir pour autant capable de les lire moi-même dignement : Emily Dickinson, Catherine Pozzi…). Je vous promets néanmoins d’y réfléchir, en lisant la traduction signalée par Ahikar (qui lui aussi, peut-être, pourrait se laisser tenter…?).
Cher Ahikar, all the pleasure is mine. Je ne concois la vie qu’avec des attentions et des echanges qui permettent le partage du plaisir de decouvrir l’Autre, grace a la culture dans tous ses etats. Tous azimuth. La litterature n’etant qu’un de ces etats, non le moindre sinon le premier, puisque tout est langage.
Cyprien, oserai- je tenter, sans scrupule aucun, d’influencer une future lecture des Notes de chevet, traduction meme partielle ? Tout au moins vous implorer de considerer cette suggestion, appuyee par l’aide d’Ahikar ? Merci
Bonsoir cher Cyprien,
En cherchant un peu, j’ai trouvé une traduction partielle (p. 195 à 224) des Notes de chevet de Sei Shonagon dans l’Anthologie de la littérature japonaise, des origines au XXe siècle, par Michel Revon (1867-1943), Paris, Delagrave, 1910.
https://archive.org/details/anthologiedelal00revogoog
Concernant Raphaël :
Esperiidae nous a lu des textes d’Alain Yvars sur la peinture qui ont tous remporté un joli succès. Une solution serait peut-être de joindre un fichier PDF contenant les tableaux, et que les auditeurs pourraient regarder en écoutant.
https://www.litteratureaudio.com/livres-audio-gratuits-mp3/tag/alain-yvars
Merci beaucoup chère Aicha pour votre commentaire et la référence à une émission que je me suis empressé d’écouter.
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4962867
Amitiés,
Ahikar
Quel dommage qu’il n’existe pas (en tout cas à ma connaissance) de traduction de Sei Shonagon dans le domaine public, ou libre…
Merci Aicha pour vos encouragements, j’espère continuer à vous surprendre par mes futurs choix de textes.
L’emission Carnet Nomade de Colette Fellous du 13/12/2014, podcastable, traite des Notes de Chevet de Sei Shonagon, illustrees par Hokusai. Admirable.
Ahikar, merci d’apporter genereusement votre “grain de sel” a chaque fois que vous le pouvez. Grain a grain, vous offrez des perspectives gigantesques, aussi effrayantes qu’un gouffre et par la meme le “sel de la Vie.
Cyprien, je suis vos debuts de DDV prometteurs et enchanteurs. Je recherche vos lectures pour leur contenu audacieux et original, transmis avec brio. Merci
Bonsoir à tous ,
Combien heureux de constater que ce Site plus qu une Univeristé et ce matin même je trouve des reférences sur : Les manichéennes par Mr Ahikar ,
que Dieu vous protrége…
Cordialement,
Ahmed
@Jean-Pierre : Merci à vous !
@Ahikar : Merci pour vos compliments et pour votre écoute attentive ; je vais corriger la bévue à 22’35 dès que possible. J’ai le texte de Focillon sur Raphaël dans ma bibliothèque, mais je crains qu’il ne soit un peu frustrant pour l’écoute seule, tant il fait référence à de nombreux tableaux. Je l’ai lu il y a longtemps, il faudrait que je le relise avant de me décider.
Merci beaucoup cher Cyprien pour cette très belle lecture d’un très beau texte. 🙂
Je me permets de citer un passage savoureux sur le grand peintre Hokusai :
« Et pourtant un conte, qui est sans doute vérité dans la vie d’un tel homme, nous apprend qu’Hokusai a cherché à peindre sans les mains. On dit qu’un jour, devant le Shôgun, ayant déployé sur le sol son rouleau de papier, il y répandit un pot de couleur bleue ; puis, trempant les pattes d’un coq dans un pot de couleur rouge, il le fit courir sur sa peinture, où l’oiseau laissait ses empreintes. Et tous reconnurent les flots de la rivière Tatsuta, charriant des feuilles d’érable rougies par l’automne. Sorcellerie charmante, où la nature a l’air de travailler toute seule à reproduire la nature. Le bleu qui se répand coule en filets divisés, comme une onde véritable, et la patte de l’oiseau, avec ses éléments séparés et unis, est semblable à la structure de la feuille. Son pas qui pèse à peine laisse des vestiges inégaux en force et en pureté, et sa démarche respecte, mais avec les nuances de la vie, les intervalles qui séparent de fragiles dépouilles emportées par une eau rapide. Quelle main pourrait traduire ce qu’il y a de régulier et d’irrégulier, de hasardeux et de logique dans cette suite de choses presque sans poids, mais non sans forme, sur une rivière de montagne ? La main d’Hokusai, précisément, et ce sont les souvenirs des longues expériences de ses mains sur les divers modes de suggérer la vie qui ont amené le magicien à tenter encore celle-ci. Elles y sont présentes sans se montrer, et, ne touchant rien, elles guident tout. »
Henri Focillon a aussi écrit une très belle étude sur Raphaël. Ne vous laisseriez-vous pas tenter ? Il me semble que votre lecture, d’une grande sensibilité, conviendrait à merveille à ce peintre de la grâce.
P.-S. Je vous signale, pour le cas où vous souhaiteriez la corriger, une phrase redoublée à 22 min 35 s : « Et c’est une formidable main que Rodin, pour figurer l’œuvre des six jours, fait jaillir d’un bloc où sommeillent les forces du chaos. »
J’applaudis des deux mains !