Han Yu (768-824), grand écrivain de la dynastie Tang, a eu une influence considérable sur les générations qui lui ont succédé. Il réforme complètement le style, abandonnant le style ampoulé et maniéré (pian wen) qui avait cours depuis le IIIe siècle pour un style simple et naturel (gu wen).
Han Yu a eu une existence difficile, exilé par trois fois. Libéré des superstitions, il faillit être exécuté pour avoir osé se moquer de l’empereur qui s’était déplacé en personne pour accueillir une relique du Bouddha qu’il qualifia de simple os desséché.
Exilé en 819 à Chaozhou, dans le sud de la Chine, loin de la capitale, le naturel revenant au galop, il écrivit sa fameuse lettre aux crocodiles où il parodie pour en montrer l’inanité les décrets de la cour. Une chose le sauva, peut-être, c’est que les Chinois ont toujours cru que l’autorité impériale, émanant du Ciel lui-même, agissait sur la nature, animaux compris. Ainsi, sa fameuse lettre put-elle être prise au sérieux et l’histoire officielle dire que les crocodiles migrèrent effectivement de soixante lis pour atteindre la mer !
N’hésitez pas à consulter les notes qui accompagnent la version texte.
Erhu (Instrument de musique traditionnel chinois à cordes frottées), interprété par Irzirgpznj (domaine public, source : Freesoung.org).
Merci Amandine pour ce charmant commentaire. J’aurais bien aimé vous faire plaisir en lisant l’anecdote concernant l’os du Bouddha, mais ce texte n’est pas libre de droits, et il m’a quand même fallu près de trois semaines pour traduire l’Offrande aux crocodiles. Mais, un jour, qui sait, peut-être me laisserai-je tenter ?
Je vous souhaite plein de belles découvertes sur le site…
Amitiés 🙂
Ahikar
J’ai beaucoup aimé l’humour très fin de l’auteur Han Yu. Ah ces crocodiles quand même !! Vous seriez bien aimable de lire aussi l’histoire de l’os du Bouddha après nous avoir mis l’eau à la bouche.
Tiens, je n’avais pas pensé qu’on puisse trouver ce texte d’une grande actualité. Mais, après tout, pourquoi pas, ne dit-on pas des grands auteurs qu’ils restent toujours modernes ! Et c’est vrai que je relis en ce moment Thucydide : Sparte contre Athènes, Russie contre Ukraine, « l’histoire est un perpétuel recommencement »…
D’accord avec Jean-Pierre pour la grande actualité. « … Une chose le sauva, peut-être, c’est que les Chinois ont toujours cru que l’autorité impériale, émanant du Ciel lui-même, agissait sur la nature, animaux compris. » C’est ainsi que les décrets de l’empereur rouge Xi Jinping ont pouvoir sur les virus ! Toutefois le Ciel semble s’assombrir !
Bonjour Ahikar,
Merci pour ce texte d’une grande actualité. La réforme en cours de la Préfectorale devrait, en effet, permettre de proposer des “parcours de carrière individualisés à partir de l’expérience et des compétences de chacun”. Vivement les Préfets-Crocodiles !