Dans L’Orient, Maupassant interroge un ami opiomane :
« Qu’éprouves-tu de si agréable à prendre ce poison ? Quel bonheur physique donne-t-il donc, qu’on en absorbe jusqu’à la mort ?
Il répondit :
– Ce n’est point un bonheur physique ; c’est mieux, c’est plus. Je suis souvent triste ; je déteste la vie, qui me blesse chaque jour par tous ses angles, par toutes ses duretés. L’opium console de tout, fait prendre son parti de tout. Connais-tu cet état de l’âme que je pourrais appeler l’irritation harcelante ? Je vis ordinairement dans cet état. Deux choses m’en peuvent guérir : l’opium, ou l’Orient. »
L’explication d’Un drame vrai a attendu vingt ans avant d’être trouvée grâce au hasard :
« Je disais l’autre jour, à cette place, que l’école littéraire d’hier se servait, pour ses romans, des aventures ou vérités exceptionnelles rencontrées dans l’existence ; tandis que l’école actuelle, ne se préoccupant que de la vraisemblance, établit une sorte de moyenne, des événements ordinaires.
Voici qu’on me communique toute une histoire, arrivée, paraît-il, et qui semble inventée par quelque romancier populaire ou quelque dramatique en délire.
Elle est, en tout cas, saisissante, bien machinée et fort intéressante en son étrangeté. »
Consulter les versions textes de ce livre audio : L’Orient, Un drame vrai.
Eugène Delacroix, Turc fumant, assis sur un divan (1838).
Merco M. Depasse.