Confessions d’une femme
« Mon ami, vous m’avez demandé de vous raconter les souvenirs les plus vifs de mon existence. Je suis très vieille, sans parents, sans enfants ; je me trouve donc libre de me confesser à vous. Promettez-moi seulement de ne jamais dévoiler mon nom.
J’ai été beaucoup aimée, vous le savez ; j’ai souvent aimé moi-même. J’étais fort belle ; je puis le dire aujourd’hui qu’il n’en reste rien. L’amour était pour moi la vie de l’âme, comme l’air est la vie du corps. J’eusse préféré mourir plutôt que d’exister sans tendresse, sans une pensée toujours attachée à moi. Les femmes souvent prétendent n’aimer qu’une fois de toute la puissance du cœur ; il m’est souvent arrivé de chérir si violemment que je croyais impossible la fin de mes transports. Ils s’éteignaient pourtant toujours d’une façon naturelle, comme un feu où le bois manque. »
Opinion publique est une conversation entre employés en 1882 sur l’actualité :
« « Quoi de neuf ce matin ? demanda M. Bonnenfant.
– Ma foi, rien du tout, répondit M. Piston ; les journaux sont toujours pleins de détails sur la Russie et sur l’assassinat du Tzar. »
[…]
Le père Grappe prit la parole, et demanda d’un ton lamentable :
« Comment tout ça finira-t-il ? »
M. Rade l’interrompit :
« Mais ça ne finira jamais, papa Grappe. C’est nous seuls qui finissons. Depuis qu’il y a des rois, il y a eu des régicides. »
Alors M. Bonnenfant s’interposa :
« Expliquez-moi donc, monsieur Rade, pourquoi on s’attaque toujours aux bons plutôt qu’aux mauvais. Henri IV, le Grand, fut assassiné ; Louis XV mourut dans son lit. Notre roi Louis-Philippe fut toute sa vie la cible des meurtriers, et on prétend que le tzar Alexandre était un homme bienveillant. N’est-ce pas lui, d’ailleurs, qui a émancipé les serfs. » »
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