« Eh bien, sache qu’en 1862 ou 63 Morin alla passer quinze jours à Paris, pour son plaisir, ou ses plaisirs, mais sous prétexte de renouveler ses approvisionnements. Tu sais ce que sont, pour un commerçant de province, quinze jours de Paris. Cela vous met le feu dans le sang. Tous les soirs, des spectacles, des frôlements de femmes, une continuelle excitation d’esprit. On devient fou. On ne voit plus que danseuses en maillot, actrices décolletées, jambes rondes, épaules grasses, tout cela presque à portée de la main, sans qu’on ose ou qu’on puisse y toucher. C’est à peine si on goûte, une fois ou deux, à quelques mets inférieurs. Et l’on s’en va le cœur encore tout secoué, l’âme émoustillée, avec une espèce de démangeaison de baisers qui vous chatouillent les lèvres.
Morin se trouvait dans cet état, quand il prit son billet pour La Rochelle par l’express de 8 h. 40 du soir. […] »
La mention « (Version 2) » à la suite du titre indique qu’il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1.
Edouard Manet – Le Depart de Folkestone (1869).
REMARQUABLE lecture !
Merci Eric