« J’ai la faiblesse de me croire un grand talent de conteur », avouait Apollinaire à l’un de ses amis.
Le poète moderne surréaliste du fameux Pont Mirabeau (Version 1, Version 2, Version 3), d’Alcools ou des Poèmes à Lou est aussi l’auteur du célèbre roman pornographique Les Onze Mille Verges et de divers contes et romans dont L’Hérésiarque et Cie publié en 1910.
Les 23 contes qui composent ce recueil nous offrent une galerie d’imposteurs, de faux messies, de criminels en instance de béatification (Le Sacrilège), de charlatans, de meurtriers comme la reine Salomé (La Danseuse, une des Trois Histoires de châtiments divins). Le premier texte, Le Passant de Prague est le récit d’une promenade dans la ville en 1902 en compagnie de l’éternel Juif-errant et le dernier témoigne de l’irrespect d’Apollinaire pour l‘Infaillibilité pontificale :
« Le pontife demanda :
– Prêtre ! où voulez-vous en venir ?
– Saint-Père, répondit l’abbé Delhonneau, vous détenez une puissance formidable, vous avez le droit de décréter le Bien et le Mal. Votre Infaillibilité, ce dogme incontestable parce qu’il repose sur une réalité terrestre, vous donne un magistère qui ne souffre point de contradiction. Vous pouvez imposer aux catholiques la vérité ou l’erreur, à votre choix. Soyez bon ! Soyez humain ! Enseignez ce qui est vrai ! Ordonnez ex cathedra que le catholicisme soit dissous ! Proclamez que ses pratiques sont superstitieuses ! Annoncez que le rôle glorieux et millénaire de l’Église est terminé ! Érigez ces vérités en dogme et vous aurez acquis la reconnaissance de l’Humanité. Vous descendrez ensuite dignement d’un trône d’où vous dominiez par l’erreur et que nul ne pourrait désormais légitimement occuper si vous le déclariez vacant à jamais ! »
Louis-Léopold Boilly, Le songe de Tartini (1824).
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