Retour à Casanova. Après Aventures d’amour à travers l’Europe (Sélection 1, Sélection 2), Histoire de ma fuite des prisons de la République de Venise et Mes plus tendres souvenirs amoureux, voici une nouvelle sélection de ses Mémoires intitulée Casanova à Paris.
Giacomo Girolamo Casanova (1725-1798), aventurier vénitien fut tour à tour violoniste, écrivain, magicien, espion, diplomate, puis bibliothécaire ; il publia en français sous le nom de « Jacques Casanova de Seingalt ». Grand séducteur, il mentionne cent quarante-deux femmes avec lesquelles il aurait eu des relations sexuelles, dont des filles à peine pubères et sa propre fille, alors mariée à l’un de ses « frères » francs-maçons, avec laquelle il aurait eu le seul fils dont il eût connaissance. Ses premiers succès furent grands, mais sa déchéance aussi.
« Je n’ai jamais dans ma vie fait autre chose que travailler pour me rendre malade quand je jouissais de ma santé, et travailler pour regagner ma santé quand je l’avais perdue. »
Chapitre 1 : Le premier chapitre (1750-1752) nous présente le jeune seigneur vénitien de 25 ans faisant des rencontres inoubliables, se perfectionnant dans la langue française grâce aux leçons de Crébillon, décrivant avec soin les différences entre la mentalité parisienne et l’italienne, fréquentant l’Opéra, la Comédie française etc, mais, ô surprise !, sans relations amoureuses et sans alcôves.
« Au résumé, l’Opéra me fit plaisir ; mais la Comédie-Française me captiva. C’est là véritablement que les Français
sont dans leur élément ; ils jouent en maîtres, et les autres peuples ne doivent point leur disputer la palme quel esprit et le bon goût sont forcés de leur décerner. »
Chapitre 2 : Chapitre très varié dans lequel alternent des anecdotes sur les langues italienne et française, sur des bévues de Casanova, des rencontres personnelles du seigneur vénitien avec diverses notoriétés, La Pompadour, Richelieu ou tout simplement… Louis XV en personne. Une seule scène érotique avec de jolies nymphes et l’adresse d’un bon restaurant hôtel du Roule.
Chapitre 3 : Casanova, toujours inflammable, est dans ce chapitre enflammant et surtout enflammé. Sa générosité et ses relations lui permettent de sauver des jeunes filles dans la détresse, avec un léger pourcentage… Une non-reconnaissance de paternité le met dans l’embarras…
Chapitre 4 : Casanova fait longuement allusion à son système cabalistique, charlatanerie inventée par lui quand il était violoniste à Venise. On lui écrit une question ; il transforme les lettres en chiffres et trouve des réponses toujours exactes qui stupéfient ses interlocuteurs. Il ne nous dévoile pas son « truc », qui par ailleurs l’a parfois enrichi ! (C’est nécessaire à connaître pour comprendre l’épisode relatif aux boutons de la Duchesse de Chartres.)
Avec le chapitre 04 se termine le premier voyage à Paris.
Chapitre 5 : « Pendant les cinq années qui séparent les deux voyages à Paris, l’aventurier a parcouru l’Autriche, a passé à Padoue et est retourné à Venise où il vécut les plus jolies pages de sa vie. Toute médaille a son revers et l’heureux roman se termina par l’emprisonnement de Casanova. Accusé de pratiques secrètes, cabale, magie, sorcellerie, il fut enfermé sous les plombs le 25 juillet 1755, d’où il s’évada le 1er novembre 1756. C’est après cet exploit fabuleux qu’il se dirigea une seconde fois sur Paris. » (Introduction de l’éditeur)
Il n’y a pas seulement le séducteur de femmes chez Casanova, il y a aussi le calculateur, parfois en marge de la loi. Son organisation de la loterie de l’École militaire, alors que le domaine de la finance lui est complètement étranger, est un chef d’œuvre de friponnerie.
Chapitre 6 : Chapitre fertile en exploits érotiques, où s’ajoute l’aventure amoureuse du jeune Tiretta de Trévise et de la dévote et hideuse tante de « la soi-disante nièce du pape » de dix-sept ans qui accorde ses premières faveurs à Casanova…
Chapitre 7 : Aucune étreinte amoureuse dans ce chapitre, mais la description, par Casanova lui-même, de la colère retentissante (« une voix de Jupiter tonnant ») contre le comportement des gabelous du temps de Louis XV qu’il piqua devant une assemblée respectable. On ne l’avait pas encore vu sous cet aspect !
Chapitre 8 : La nouveauté de ce chapitre consiste surtout dans les séances de spiritisme de Madame d’Urfé et les tricheries de notre héros dans ce domaine.
Chapitre 9 : Casanova rencontre en Hollande (épisode étranger à Casanova à Paris) une ancienne maîtresse, Thérèse, traînant avec elle deux enfants dont l’un est peut-être le sien. Il en débarrasse la mère, l’adopte et part pour Paris avec lui. On parle beaucoup d’avortement à la fin du chapitre : vous saurez tout au chapitre X.
Chapitre 10 : Casanova est bien embarrassé pour aider Mademoiselle X.C.V. à accoucher dans la clandestinité ou à avorter. La solution du couvent semble être la meilleure… On parle aussi dans ce chapitre de l’usage de l’aroph.
Chapitre 11 : Suite de l’histoire de la grossesse de mademoiselle X. C. V., nouvelle entreprise financière du séducteur et surtout deux anecdotes où Jean-Jacques Rousseau montre un aspect de lui-même peu connu. L’amour tient peu de place dans ce chapitre.
Chapitre 12 : Avertissement : Les chastes oreilles sont invitées à ne pas écouter la défloraison de la jeune madame Baret de 17 ans par notre grand séducteur (ce n’est pas une raison pour s’y précipiter !).
Chapitre 13 : Ce chapitre clôt la collection de Casanova à Paris. À la différence des douze autres, il n’est pas achevé par l’auteur et les dernières pages de sa confession alternent avec des notes ajoutées par son commentateur.
Casanova est mort en 1798 à Dux, aujourd’hui en République tchèque, où il a rédigé une grande partie des treize épisodes.
Formidable vie que celle de Casanova !!!
C’est passionnant de bout en bout.
Merci mille fois à Monsieur Depasse pour sa lecture si vivante.