La nouvelle Mater ! est due à la plume de Georges de Peyrebrune (1841-1917).
Une jeune veuve de vingt-cinq ans souffre de n’avoir pas connu la maternité :
« Et blanche elle était, en effet, la baronne Hermine, blanche d’âme et d’atours, ayant conservé pour l’idéale blancheur toute la passion de sa virginale jeunesse… Le temps assez court qu’avait duré son hymen avec un vieillard n’avait pas altéré sa pureté exquise. Naïve même, elle était restée avec une horreur du péché qui tache de pourpre la blanche robe des amoureuses. Et cependant une douleur cachée la poignait ; cette veuve n’avait point d’enfant, cette femme n’était point mère. »
« C’était comme un délire qui, parfois, l’éveillait avec les sursauts terribles d’une sensation physique. Brusquement redressée, frissonnante, et les yeux dilatés dans son visage éclatant d’une rougeur soudaine, Hermine écartait ses bras qui s’étaient repliés sur son sein, comme pour y retenir, dans une maternelle étreinte, un corps flexible et doux, tout petit, dont elle croyait sentir le poids léger sur son cœur oppressé, la tiédeur sur ses flancs. Ses mains crispées cherchaient vaguement autour d’elle avec un geste de folie, d’angoisse. Puis elle s’éveillait tout à fait, et se sentait mourir dans la tristesse désespérée de sa solitude éternelle. »
L’auteur analyse les sensations et les sentiments de son héroïne avec une précision étonnante chez un homme… et nous ne sommes pas surpris d’apprendre que Georges de Peyrebrune est le pseudonyme de Mathilde-Marie Georgina Élisabeth de Peyrebrune, femme de lettres, célèbre en son temps et oubliée aujourd’hui, auteure d’une trentaine de romans populaires, membre du jury du prix Fémina, dont Vers l’amour (1896) et Au pied du mât (1899) furent couronnés par l’Académie française. Son roman Victoire la Rouge (1883) a inspiré à Octave Mirbeau Le Journal d’une femme de chambre (1900).
La postérité est parfois bien ingrate…
Paul Wichmann, Jeune fille à la fenêtre (1872).
Encore une très belle découverte où sont abordés succinctement les injustices de la providence, l’incompréhension, la déchéance et les désillusions . Merci M Depasse