Dans L’Imposture, Bernanos nous conte l’histoire étonnante d’un prêtre-écrivain qui, ayant définitivement perdu la foi, décide, par orgueil, de ne rien changer à ses habitudes et aux circonstances extérieures de sa vie.
« Sa conscience ne formulait aucun reproche, et il ne sentait toujours aucun remords. La blessure s’était refermée, dès qu’il avait osé se regarder en face, se définir une fois pour toutes. Il ne croyait plus. Il avait totalement perdu sa foi. […] À son retour d’Allemagne, il avait consigné sa porte, et fait dire qu’il était malade. Mais alors même les rares intimes qui l’approchèrent n’eurent certainement pas de soupçons. Dès ce moment, d’ailleurs, sa décision était prise : il avait résolu de ne pas changer l’ordonnance extérieure de sa vie, de vivre et de mourir en prêtre. […] Ainsi célébrait-il chaque matin le sacrifice de la messe à la chapelle des sœurs de Marie, et le vieux sacristain qui l’assistait depuis tant d’années ne l’avait jamais vu si recueilli.»
Ce roman met principalement en scène deux personnages résolument opposés, l’abbé Cénabre, historien et écrivain de talent, vénéré de ses confrères, à qui il continue de donner le change, et le pauvre abbé Chevance, homme de grande foi, – qui n’aura de cesse de vouloir sauver l’âme de Cénabre, lequel l’a pourtant bien mal traité -, d’une humilité pathétique, de santé précaire, méprisé de tous sauf de la pure et mystique Chantal de la Clergerie, qui l’aime et le rassurera lorsqu’il sera à l’agonie.
Cette même Chantal prendra une grande importance dans le second opus de ce diptyque, La Joie. (Adapté de la présentation de ce roman par Ebooks libres et gratuits)
Je vous ai écouté déjà de nombreuses fois avec plaisir, pourtant je n’aurais pas pensé vous rejoindre sur Bernanos, un auteur qui ne m’attirait pas du tout, étant moi-même mécréante. Mais les parcours inattendus sont un des avantages de ce site. J’ai commencé par Un Crime et continué avec L’Imposture qui est son pendant à ce qu’il paraît. L’oeuvre est plus ardue et au début je me suis sentie enfermée dans cet univers catholique. MAIS l’écriture de Bernanos, quand elle commence à se déchaîner est hallucinante. C’est au point que, une nuit, je me suis endormie en vous écoutant et que, malgré votre voix douce et calme, j’ai fait un cauchemar atroce où je me trouvais parmi des démons et me transformais moi-même en l’un d’entre eux. Je me suis réveillée glacée de terreur !
Violence, cruauté, aberrations, agonie, profondeur de l’âme humaine, Bernanos, pour moi, c’est Dostoievski et Shakespeare. Le personnage du mendiant en particulier m’a sidérée, misérable et puant, avec ses clowneries, sa duplicité, son obstination. Son long dialogue avec l’abbé Cénabre est un chef d’oeuvre unique de la littérature française.
Voilà, mon cauchemar ne m’a pas fait perdre la boule, je suis sincère. Merci, monsieur Rannou !
Merci pour ces belles heures de lecture.
Bonjour a vous Mr Rannou!
Votre lecture de *Tom Jones* est épostouflante, votre timbre de voix et toutes les tonalités requises sont présentes!
Oui, je vous en réponds Monsieur……..