Dans ce récit consacré à un Jeune France « moyen-âge », Théophile Gautier n’a ni l’agressivité ni la cruauté ironique avec lesquelles il fustigeait Daniel Jovard. Il faut dire que ce jeune Élias était un de ses camarades mort…
« Le pauvre Élias Wildmanstadius, avec cette âme du quinzième siècle au dix-neuvième, ces croyances et ces sympathies d’un autre âge au milieu d’une civilisation égoïste et prosaïque, se trouvait aussi dépaysé qu’un sauvage des bords de l’Orénoque dans un cercle de fashionables parisiens. »
L’auteur est à l’aise pour rendre avec précision cette atmosphère médiévale :
« Le clocher déchiqueté à jour, les aiguilles évidées, les pignons tailladés en scie, les croix à fleurons, les guides et les tarasques montrant les dents à l’angle de chaque toit, les roses des vitraux toujours épanouies, les trois porches avec leurs collerettes de saints, leurs trèfles mignonnement découpés, leurs faisceaux de colonnes élancées et fluettes, les niches curieusement ciselées et toutes folles d’arabesques, les bas-reliefs, les emblèmes, les figures héraldiques, la plus petite dentelure de cette broderie de pierre, la plus imperceptible maille de ce tulle de granit, il aurait tout dessiné sans rien voir, tellement il avait présent à la mémoire jusqu’au moindre détail de son église bien-aimée. »
Nadar, portrait de Théophile Gautier (1855)
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