Passionnés d’art, les Jeunes-France marquent leur opposition au conformisme de l’époque par la singularité de leur mise : port de la barbe, cheveux longs, couleurs voyantes… Ils furent, dans la guerre opposant les classiques aux romantiques, les soutiens fidèles des drames de Hugo et de Dumas et beaucoup devinrent des artistes et des poètes de renom. Mais le mouvement se transforma en mode ridicule, si bien que Théophile Gautier, l’homme au gilet rouge, se retourna contre ses congénères et, dans Daniel Jovard, par exemple, se moqua cruellement de ces énergumènes du moment, capables de n’importe quoi pour faire parler d’eux.
« Daniel délibéra quinze jours s’il ne se suiciderait pas, pour faire mettre son nom dans les journaux, et ayant entendu crier dans les rues la condamnation à mort d’un criminel, il eut la tentation d’assassiner quelqu’un pour se faire guillotiner et occuper de lui l’attention publique. Il y résista vertueusement, et sa dague resta vierge, heureusement pour lui et pour nous.
De guerre lasse, il revint à des moyens plus doux et plus ordinaires : il composa une multitude de vers qui parurent dans plusieurs journaux inédits, ce qui avança beaucoup sa réputation. »
Un Gautier truculent…
La tentation de sortir de l’insignifiance… Une belle écriture pour un texte très sympathique à écouter. Merci