Rome, 63 avant J-C. L’époque est violente : la sanglante dictature de Sylla (une vingtaine d’années auparavant) a laissé des blessures, la République, qui vient d’être ébranlée par la révolte de Spartacus (73-71 avant J-C), est constamment menacée par les rivalités politiques et vit sa dernière génération.
Un jeune patricien dévoyé, Catilina, déçu dans ses ambitions politiques, fomente une insurrection et tente de renverser les institutions. C’est un complot de jeunes aristocrates désargentés et frustrés de pouvoir, sans réel programme politique. Mais les plans sont d’une violence extrême : il s’agit de massacrer le Sénat et d’incendier Rome. Cicéron, alors consul, l’affronte devant le Sénat (cf. Les Catilinaires) et parvient, difficilement, à déjouer la conspiration.
Au prix de condamnations à mort quasiment sans jugement.
Illustre latiniste, professeur au Collège de France et membre de l’Académie française, Gaston Boissier publie cette étude fouillée en 1905. L’époque est, elle aussi, troublée : souvenirs de la Commune de Paris, attentats anarchistes. Les allusions sont tentantes !
Son érudition, son style vivant et incisif brossent une fresque palpitante. Au premier plan s’affrontent les plus grandes personnalités de ce temps : Cicéron, César, Crassus, Pompée, Caton… G. Boissier les connait intimement, il explore les ressorts de leurs stratégies politiques, leurs espoirs, mais aussi leurs fragilités, leurs doutes. Et Rome revit dans sa violence, ses principes, et la solidité de ses institutions.
Cicéron dénonce Catilina, fresque réalisée entre 1882 et 1888 par Cesare Maccari (1840-1919).
Ambiance musicale extraite de Freesound.org (Licence Cc-PD).
Belle lecture, bien enlevée sans l’être trop (car il y a là matière à réflexion, et un débit plus rapide bousculerait la compréhension).
Mais c’est aussi l’occasion de souligner la qualité de l’auteur lui-même, Gaston Boissier, qui fait de cette lecture un plaisir culturel de haut niveau (pour ceux bien entendu qui s’intéressent aux “humanités”)
Si je pouvais terminer par une suggestion, ce serait d’enregistrer avec le même bonheur le “Cicéron et ses amis”, du même Gaston Boissier, qui est certainement un des livres les plus intelligents qu’il soit donné de lire sur le “commencement de la fin” de la République romaine (Cicéron étant mort avant l’avènement de l’Empire proprement dit).
Merci
Un tel choix de lecture nous invite à vous suivre dans d’autres que vous auriez à nous offrir.
Une initiative que nous ne saurions regretter.
Merci de nous faire découvrir cet auteur dont nous ignorions jusqu’à l’existence…
Merci amazigh, de nous écouter depuis le sud Marocain. Il est vrai que les Romains ont laissé de bien belles choses à Volubilis (entre autres) !
merci a vous tous et salutations from agadir maroc