« Après avoir écrit avec le Cas Wagner une petite bouffonnerie, c’est le sérieux qui s’exprime ici : car nous — Wagner et moi — avons au fond vécu une tragédie l’un avec l’autre. »
Lorsqu’il écrit son Nietzsche contre Wagner, pièces justificatives d’un psychologue, en 1888, le philosophe du Gai Savoir est revenu depuis plusieurs années de la solide amitié qui le liait au musicien. Déçu par les positionnements du compositeur et par sa musique, symbole selon lui d’une certaine décadence car liée au romantisme, il se montre particulièrement critique à l’égard de Parsifal car « c’est une œuvre de rancune, de vengeance, un attentat secret contre ce qui est la première condition de la vie, une mauvaise œuvre ». Comme il y voit aussi l’ombre de l’ascèse catholique, il y entendra la « foi de Rome, sans paroles ». D’ailleurs, il admire le Wagner « absolument grand et parfait partout où il se met en musique » mais il déplore le peintre des « grands tableaux » dont la « musique est sans avenir ».
Si Nietzsche « résiste physiologiquement » aux lourdeurs wagnériennes qui affaiblissent et épuisent, il retrouve quelque stimulation dans Carmen, l’œuvre de Georges Bizet : « Bizet me rend fécond. Je n’ai pas d’autre gratitude ». (Le Cas Wagner).
Dans l’avant-propos de ce court texte, Nietzsche annonce qu’il a procédé à une compilation d’extraits de ses œuvres antérieures afin de clarifier sa relation à Wagner. Le lecteur en ressort en effet sans aucun doute.
Petite remarque technique : comme certaines séquences de l’enregistrement sont constituées de plusieurs chapitres, il convient de ne pas s’arrêter à la petite phrase musicale qui ponctue chacun d’eux.
Richard Wagner.
Début et fin de chapitres :
Richard Wagner, Tannhauser, Ouverture, WWV 70 (European archive, domaine public).
Début et fin des deux chapitres de l’épilogue :
Georges Bizet, Carmen (European archive, domaine public).
Merci Karime pour ce chaleureux message.