En 1835, sous la monarchie de Juillet, Frances Trollope revient, après sept ans, visiter Paris. Elle porte sur les Parisiens son regard de femme de lettres anglaise, mais surtout d’aristocrate…
« Malgré l’excès de vanité dont on accuse communément les Français, il est certain qu’ils en montrent beaucoup moins que nous dans leur relations avec leurs semblables. J’ai vu une comtesse, d’une des plus anciennes maisons du royaume, ouvrir elle-même la porte extérieure de son appartement et y recevoir les personnes qui venaient la visiter, avec autant de grâce et d’élégance que si une triple rangée de grands laquais, portant sa livrée, eussent transmis leurs noms depuis l’antichambre jusqu’au salon. Et pourtant dans cette occasion ce n’était pas la fortune qui manquait, elle avait à ses ordres cocher, laquais, femme de chambre, et tous les domestiques accessoires d’une grande maison. Mais le hasard voulait que l’un eut été envoyé d’un côté et l’autre de l’autre, et il n’entra pas un seul instant dans la pensée de cette dame que sa dignité pût être compromise à se faire valoir sans eux. En un mot, la vanité des Français ne se montre pas dans les petites choses ; et c’est précisément pour cette raison que leurs relations sociales sont dépouillées de cette susceptibilité inquiète, de cette étiquette si pleine d’ostentation et d’orgueil qui pèse de tout son poids sur la nôtre. »
Non, j’ai fait erreur ! C’est dans “Raison et Sensibilité”, de Jane Austen. Cher Daniel, vous pouvez continuer à lire sur vos deux oreilles, tout va bien.