J’ai choisi de lire le début et la fin de Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1884) pour illustrer deux aspects contrastés de la personnalité de mon compatriote Ernest Renan (1823-1892). Le Broyeur de lin (présenté ici en version 2) souligne sa dette envers son enfance bretonne à Tréguier, auprès d’une mère très pieuse et de prêtres qui encouragent sa vocation au sacerdoce. Parce qu’il est un élève brillant, il est à 15 ans brutalement transplanté à Paris, où il poursuit sa formation au collège Saint-Nicolas-du-Chardonnet (1838-1841), puis au grand séminaire de Saint-Sulpice. Cependant, en 1845, suite à une grave crise intérieure, dont il s’explique dans la dernière partie de son livre, il renonce à devenir prêtre et rompt avec l’Eglise et le christianisme.
Devenu spécialiste d’hébreu et de philosophie allemande, ses brillantes études et les nombreux ouvrages où il critique la religion, lui valent – malgré l’hostilité des milieux catholiques conservateurs – une chaire au Collège de France (1862) et un fauteuil à l’Académie française (1878). Sa Vie de Jésus (1863), où il qualifie celui-ci d’ « homme incomparable », eut un succès retentissant. « La grandeur de Renan est d’avoir, pour la première fois, désacralisé les recherches bibliques et fondé une exégèse laïque » (Encyclopédie Universalis).
On notera que bien des réflexions faites par Renan voici près de 140 ans ont gardé toute leur fraîcheur et sont encore pertinentes de nos jours.
La cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne, photographie de Aubry Françon.
Merci, André Rannou.