Ernest Daudet (1837-1921) est moins célèbre que son frère cadet Alphonse (1840-1897) et Le Roman de Delphine n’a pas eu la renommée des Contes du lundi publiés la même année ! Une grande amitié unissait les deux frères ; Ernest, historien, biographe, journaliste – souvent sous pseudonyme – nous a laissé près de soixante-dix romans écrits avec un talent sérieux et qui mériteraient d’être sortis de l’oubli, comme en témoigne Le Roman de Delphine.
La vie de Delphine est, en effet, le roman d’une jeune femme irréprochable moralement, déchirée entre un ancien amour perdu, Karl, qui renaît (parce que l’amant cru perdu dans un naufrage est toujours vivant) et la loyauté à l’égard de son mari Édouard. Le sujet n’est pas neuf, mais le récit est attachant du début à « l’happy end ».
Karl et Delphine : « Sous les rayons tremblants de la lune qui entrait à flots par les voûtes effondrées et par les ogives que le temps, en rongeant les pierres, avait agrandies, Delphine, tremblante et pâle, encadrée dans la poésie qui se dégageait de sa propre terreur, des lieux et de l’heure, était d’une beauté surhumaine. La folle passion de Karl la lui faisait voir plus belle encore, et, en même temps, la voix du tentateur soufflait à son oreille ces mots brûlants :
– Seul avec elle, seul dans ce désert ! »
Édouard et Delphine : « Il n’y avait jamais eu d’orage sur notre bonheur depuis que nous sommes mariés, lui dit Édouard quand elle eut terminé ; celui-ci a été le premier. Il sera le dernier, je l’affirme. Il m’a appris que tu vaux plus encore que je ne croyais, et que, comme l’a dit si bien mon frère, tu es la plus pure, la plus courageuse, la plus aimante des épouses ; et moi j’ajoute : la plus aimée. »
John Singer Sargent – Morning Walk
Excellente initiative de nous faire découvrir ce talentueux auteur, probablement sacrifié sur l’autel de la notoriété de son frère…
Dans la version zip, il manque la fin du chapitre 1 et 2, Merci Jocelyne
Merci pour cette belle lecture, j’ai bien aimé.