Cet érudit essai du philosophe Émile Saisset (1814-1863), inspiré par l’ouvrage Jordano Bruno de Chr. Bartholmèss, a été publié par la Revue des deux mondes en 1847.
À noter que la partie directement consacrée à Giordano Bruno et à sa philosophie se trouve aux chapitres 3 et 4.
« A-t-il un but, et quel est-il ? Bruno n’aspire point à un rôle politique. Il sent instinctivement ce qu’un calcul profond inspira depuis à Voltaire : c’est qu’il faut un point d’appui dans les forces temporelles pour attaquer plus sûrement les spirituelles, et il concentre son activité dans le domaine des idées. Sur ce terrain, il ne respecte aucune autorité, et marche audacieusement à une révolution générale. Quelles étaient alors les grandes puissances intellectuelles ? L’école, l’église, la religion chrétienne. Bruno attaque tout cela à la fois. Ce qui dominait dans l’école et dans l’église, c’était la logique et la physique d’Aristote, avec l’astronomie de Ptolémée, étroitement associées au dogme chrétien. À la logique d’Aristote Bruno en substitue une nouvelle, dont il emprunte le germe à Raymond Lulle ; à l’astronomie de Ptolémée, il oppose celle de Copernic et de Pythagore ; à la physique d’Aristote, à son monde fini, à son ciel incorruptible, il oppose l’idée d’un monde infini, livré à une évolution universelle et éternelle ; à la religion chrétienne, religion de la grâce et de l’esprit, il oppose la religion de la nature, expliquant le surnaturel par la physique, et ne voyant dans les religions qu’un amas de superstitions et de symboles. »
portrait moderne de Giordano Bruno, d’après une gravure sur bois dans le Livre du recteur (1578)
Bonsoir cher DanielLuttringer ,
Merci infiniment de votre choix et aussi lecture .
Une agréable soirée .
Bien cordialement ,
Ahmed