L’hypocondrie (« hypo » sous, « khondros » cartilage des côtes) est la crainte ou l’idée d’être atteint d’une maladie grave. Le malade est persuadé de posséder des signes ou symptômes prétendument indétectables par les médecins.
Exemple littéraire : Le Malade imaginaire.
Émile Montégut (1825-1895), essayiste, journaliste et critique s’est beaucoup intéressé aux littératures anglaise et américaine et a traduit Roméo et Juliette (rapprochement homophonique amusant avec « les Montaigu et les Capulet » !). Il est l’auteur de Confidences d’un hypocondriaque (1858) (on pourrait ajouter « heureux »).
« Je voudrais décrire un fort singulier état de l’âme que j’ai vu de très près, et que je crois connaître parfaitement. Ce n’est pas autre chose que la vieille maladie connue depuis longtemps sous le nom d’ennui, mais l’ennui arrivé jusqu’à ses dernières limites, et pénétrant l’être physique tout entier de ses poisons subtils et de ses énervantes léthargies… Je l’ai vu passer successivement par toutes les phases de ce mal redoutable, je l’ai vu renoncer tour-à-tour à toutes les chimères que les hommes poursuivent sous le nom de bonheur, éclat, renom, amour, amitié, opinion du monde, orgueil de soi-même , et je lui dois cette justice, que jamais homme n’a dit adieu à toutes ces choses qui sont si chères à notre nature avec plus d’égalité d’âme et plus de sérénité… Vous me plaignez, mon ami ; vous me jugez malheureux et désespéré ! je vous répondrai franchement : Ne me plaignez pas. Si j’ai souffert, depuis longtemps toutes les blessures sont cicatrisées ; si j’ai été malheureux, je ne le suis plus ; le sort compatissant, ne trouvant plus rien à ronger en moi, a bien voulu me rendre la paix et chercher ailleurs une autre proie. Maintenant je jouis d’un bonheur inaltérable que rien, je crois, ne pourra troubler désormais, car j’ai conquis dès ce monde le repos de l’éternité. »
Quelles délices pour un philosophe ou pour un connaisseur de Bouddha que cette approche de l’inexprimable !
Merci de ce beau cadeaux pour nos oreilles. Montégut
était des amis de Baudelaire.
merci.