Dans Pathologie verbale, ou Lésions de certains mots dans le cours de l’usage (1880), Émile Littré soumet une centaine de mots à une analyse de l’évolution de leur sens depuis leur apparition jusqu’à leur emploi actuel. Beaucoup de surprises vous attendent !
« Comme un médecin qui a eu une pratique de beaucoup d’années & de beaucoup de clients, parcourant à la fin de sa carrière le journal qu’il en a tenu, en tire quelques cas qui lui semblent instructifs, de même j’ai ouvert mon journal, c’est-à-dire mon dictionnaire, & j’y ai choisi une série d’anomalies qui, lorsque je le composais, m’avaient frappé & souvent embarrassé. Je m’étais promis d’y revenir, sans trop savoir comment ; l’occasion se présente en ce volume & j’en profite ; ce volume que, certes, je n’aurais ni entrepris ni continué après l’avoir commencé, si je n’étais soutenu par la maxime de ma vieillesse : faire toujours, sans songer le moins du monde si je verrai l’achèvement de ce que je fais. […] Je les laisse dans l’ordre alphabétique où je les ai relevées. Ce n’est point un traité, un mémoire sur la matière, que je compte mettre sous les yeux de mon lecteur. C’est plutôt une série d’anecdotes ; le mot considéré en est, si je puis ainsi parler, le héros. Plus l’anomalie est forte, plus l’anecdote comporte de détails & d’incidents. Je suis ici comme une sorte de Tallemant des Réaux, mais sans médisance, sans scandale & sans mauvais propos, à moins qu’on ne veuille considérer comme tels les libres jugements que je porte sur les inconsistances & les lourdes méprises de l’usage, toutes les fois qu’il en commet. » Émile Littré
Émile Littré (gravure de 1872 colorisée).
Formidable !!! La langue française expliquée par Emile Littré !!! Quel dommage qu’il n’y en ai pas plus, c’est proprement jubilatoire.
Et bien sûr, c’est lu par René Depasse Avec son phrasé qui se prête si bien à la belle langue…
Mille mercis !!!
Merci,Ahikar,de m’apprendre qu’il ne faut pas traduire TAO par DIEU…j J’avais toujours cru le contraire et je ne suis peut-être pas le seul!
Bonsoir cher René,
Je tiens à vous remercier pour vos choix toujours importants pour moi et augmente chaque jours mes connaissances de l histoire de la langue française .
Je vous souhaite de la santé et une agréable soirée pleine de repos …
Bien cordialement,
Ahmed
Cher René,
Accordez-moi juste quelque connaissance, cela me suffit. J’ai écouté avec attention l’ouvrage de Léon de Rosny. Je dois reconnaître qu’il me paraît bien dépassé, tout en étant assez représentatif de la façon de penser de certains savants du XIXe siècle. En effet, quel savant oserait aujourd’hui écrire que « l’esprit de Confucius était inapte à tout travail de spéculation intellectuelle et même d’exégèse et de critique », sans immédiatement être la risée de toute la communauté scientifique ! De la même manière, il critique vivement la traduction de Stanislas Julien du Tao-tö king, ce qui est tout de même un comble quand on sait que les traducteurs récents n’ont pas fait mieux ! Et pourquoi la critique-t-il ? Parce qu’il voulait absolument traduire « tao » par « Dieu », ce qu’aucun traducteur moderne n’oserait jamais faire. En fait, je vois très bien ce qu’il voulait faire en traduisant « tao » par « Dieu » : c’est accommoder le taoïsme à la sauce chrétienne pour conforter ses propres opinions. Aucun savant digne de ce nom ne procéderait ainsi aujourd’hui.
Voilà cher René, ma réponse à votre question. J’espère qu’elle ne vous décevra pas trop.
Amitiés, 🙂
Ahikar
(P.-S. – Je m’en retourne maintenant à la lecture d’un très bel ouvrage que m’a envoyé un auditeur.)
Cher Ahikar,quel jugement de connaisseur portez_vous sur L IDEE DE DIEU DANS LA PHILOSOPHIE RELIGIEUSE CHINOISE de Rosny?Merci d’éclairer le bon peuple de votre savoir sinisant(je n’ai pas dit sinique!)
Merci cher René pour toutes ces pathologies verbales qui se dégustent comme des sucres d’orge ! 🙂