Ce court essai passionné sur l’écriture de René Bazin par Émile Baumann (1868-1941) est paru dans La Revue belge en 1924.
« Supposons, un instant, les œuvres des romanciers contemporains offertes à nos yeux, comme une galerie de tableaux, dans des salles distinctes. Si nous visitions la sienne, aussitôt, sans chercher la signature, nous reconnaîtrions sa main : un dessin ferme et onduleux ; un coloris léger, mais tendre ; du vert et du bleu, plus encore de gris roses, de gris argentés ; de l’air, du mouvement dans les espaces ; certains détails un peu trop finis, mais combien justes ! et de la grâce harmonisée avec la sagesse ; des profils féminins, d’une pureté charmante, et des faces de paysans, fortement musclées, honnêtes et lumineuses ; la vieille santé, la finesse, la dignité française, modernisées par des ombres d’inquiétude ; l’émotion religieuse enfin, une figure plus âpre d’ascète, des intérieurs d’églises, des mains qui se joignent en tremblant, des lèvres murmurant de douloureux secrets. »
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