La nouvelle d’Edgar Poe Le Domaine d’Arnheim traduite en 1847 par Baudelaire dut séduire son traducteur par les problèmes qu’elle soulevait.
Le Domaine d’Arnheim, nom allemand, est l’équivalent de Home of the eagle, La Maison de l’aigle. Il s’agit d’un château et d’un jardin-paysage fictif des États-Unis ; Poe, dans une première partie, expose des réflexions sur les rapports de l’homme et de la nature et, dans la seconde, nous fait goûter les délices de ce jardin idyllique.
Un critique écrit : « La ville, la route d’eau, la végétation luxuriante… Le Domaine d’Arnheim est d’une souplesse déliée, d’une variété de tracés et de couleurs qui mêlent au romantisme du Voyage la fantastique et constante découverte de sites décalés et protégés, nostalgiques et rêveurs des Jardins de Babylone. »
Le bonheur que l’on peut trouver dans le pré, chantera plus tard Paul Fort, le héros le trouve dans ce domaine.
« Et je ne me sers pas ici du mot prospérité dans son sens purement mondain. Je l’emploie comme synonyme de bonheur. La personne dont je parle semblait avoir été créée pour symboliser les doctrines de Turgot, de Price, de Priestley et de Condorcet, – pour fournir un exemple individuel de ce que l’on a appelé la chimère des perfectionnistes. Dans la brève existence d’Ellison, il me semble que je vois une réfutation du dogme qui prétend que dans la nature même de l’homme gît un principe mystérieux, ennemi du bonheur. »
La lecture est souvent difficile, tant, parfois, les avalanches verbales déferlent dans cette prose qui annonce,vingt ans plus tard, les Chants de Maldoror. Jugez en :
« Toutes mes réflexions sur ce sujet reposaient sur cette idée, que l’intention primitive de la nature devait avoir disposé la surface de la terre de manière à satisfaire en tout point le sentiment humain de la perfection dans le beau, le sublime ou le pittoresque ; mais que cette intention primitive avait été déjouée par les perturbations géologiques connues ; – perturbations qui avaient été ressenties par les formes et les couleurs, dans la correction et le mélange desquelles gît l’âme de l’art. Mais la force de cette idée se trouvait très-affaiblie par la nécessité conséquente de considérer ces perturbations comme anormales et destituées de toute espèce de but. »
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