Edgar Poe précise bien dès le début de Du principe poétique : « le principal but que je me propose est d’appeler l’attention sur quelques-uns des petits poèmes anglais ou américains qui sont le plus de mon goût, ou qui ont laissé sur mon imagination l’empreinte la plus marquée. Par petits poèmes j’entends, naturellement, des poèmes de peu d’étendue… Je soutiens qu’il n’existe pas de long poème. » Les poètes qu’il prendra pour exemples ne nous sont pas tous familiers : Shelley, Willis, Longfellow, Bryant, Pinkney, Moore, Byron, Tennyson et Motherwell, et nous ne pouvons pas apprécier leur rythme original puisq’ils sont traduits…
Sa grande idée directrice est la suivante :
« De même que l’Intellect recherche le Vrai, le Goût nous révèle le Beau, et le Sens moral ne s’occupe que du Devoir… Pour récapituler, je définirais donc en peu de mots la poésie du langage : une Création rythmique de la Beauté. Son seul arbitre est le Goût. Le Goût n’a avec l’Intellect ou la Conscience que des relations collatérales. Il ne peut qu’accidentellement avoir quelque chose de commun soit avec le Devoir soit avec la Vérité ; je ne me suis proposé que de vous suggérer cette réflexion : c’est que, si ce principe est strictement et simplement l’aspiration de l’âme humaine vers la beauté surnaturelle, sa manifestation doit toujours se trouver dans une émotion qui élève l’âme, tout à fait indépendante de la passion qui enivre le cœur, et de la vérité qui satisfait la raison. »
Il est intéressant de comparer cette conception de la poésie avec celle des Trois réflexions sur le beau de Baudelaire, admirateur et traducteur de Poe.
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