Diderot, comme Montaigne, avait l’habitude d’écrire sur les premiers feuillets de ses livres et sur des feuilles volantes, qu’il y insérait, les jugements qu’il portait de ces ouvrages. Il appelait ces notes ses Miscellanea. Voici six pages inédites choisies au hasard…
« Les définitions des êtres moraux se font toujours par ce que ces êtres doivent être, et jamais par ce qu’ils sont. On confond sans cesse le devoir avec la chose. » (Des idées accessoires)
« Il savait bien ce qu’il faisait cet avocat célèbre qui entremêlait dans ses plaidoyers les arguments les plus frivoles et les arguments les plus forts. Le juge en était surpris, et ne concevant pas comment un aussi habile homme se trompait aussi lourdement à la valeur des choses, l’avocat lui répondit que quand on servait un dîner pour un grand nombre de convives, il y avait des plats pour tous les appétits. » (Diversité et étendue de l’esprit)
« Plus on médite un sujet, plus il s’étend ; on trouve que c’est l’histoire de tout ce qu’on a dans la tête et de tout ce qui y manque : et cela sert d’autant mieux que les idées et les connaissances y sont plus liées ; il part tant de branches, et ces branches vont s’entrelacer à tant d’autres qui appartiennent à des sciences et à des arts divers, qu’il semble que pour parler pertinemment d’une aiguille, il faudrait posséder la science universelle. Qu’est-ce que c’est qu’une bonne aiguille ? Dieu le sait. Le découragement et le dégoût nous prennent, et dans l’impossibilité de tout dire, car il faudrait tout savoir, on se tait ; parti dont la paresse naturelle s’accommode fort bien. » (Sur la diversité de nos jugements)
Consulter les versions textes de ce livre audio : Sur le génie, Sur la diversité de nos jugements, Les égards que l’on doit aux rangs et aux dignités de la société, Des idées accessoires, Diversité et étendue de l’esprit, Consutation à différentes personnes sur un même fait.
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