Entretien d'un philosophe avec Madame la Maréchale de

Entretien d’un philosophe avec Madame la Maréchale de ***

L’Entretien d’un philosophe avec Madame la Maréchale de *** est une conversation portant sur la religion, entre la maréchale croyante et le philosophe athée. Ce dernier ne cherche pas à contraindre son interlocutrice à penser comme lui, mais veut seulement lui montrer qu’il est possible d’être bon en dehors d’une loi divine.
« Mais croyez-vous que les terribles ravages que la religion a causés dans les temps passés, et qu’elle causera dans les temps à venir, soient suffisamment compensés par ces guenilleux avantages-là ? Songez qu’elle a créé et qu’elle perpétue la plus violente antipathie entre les nations. Il n’y a pas un musulman qui n’imaginât faire une action agréable à Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté, ne sont guère plus tolérants. […] Dans aucun siècle et chez aucune nation, les opinions religieuses n’ont servi de base aux mœurs nationales. Les dieux qu’adoraient ces vieux Grecs et ces vieux Romains, les plus honnêtes gens de la terre, étaient la canaille la plus dissolue : un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à l’Hôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre.[…] La religion, qui a fait, qui fait et qui fera tant de méchants, vous a rendue meilleure encore ; vous faites bien de la garder. Il vous est doux d’imaginer à côté de vous, au-dessus de votre tête, un être grand et puissant, qui vous voit marcher sur la terre, et cette idée affermit vos pas. Continuez, madame, à jouir de ce garant auguste de vos pensées, de ce spectateur, de ce modèle sublime de vos actions. […] Si l’on peut croire qu’on verra, quand on n’aura plus d’yeux ; qu’on entendra, quand on n’aura plus d’oreilles ; qu’on pensera, quand on n’aura plus de tête ; qu’on aimera, quand on n’aura plus de cœur ; qu’on sentira, quand on n’aura plus de sens ; qu’on existera, quand on ne sera nulle part ; qu’on sera quelque chose, sans étendue et sans lieu… »
On est loin du ton du Pari de Pascal… et il faut noter que le badinage atténue le rationalisme religieux et le matérialisme chers à Diderot et au siècle des Lumières.


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Livre audio gratuit ajouté le 30/04/2013.

2 Commentaires

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  1. Grand merci Monsieur Depasse. Voici encore une de vos nombreuses lectures que j’aurai le plaisir d’écouter après en avoir lu attentivement le texte.

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