l'exodus

Histoires de chaos

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Lorsqu’éclate la guerre de 14-18, qu’on appellera bientôt la Grande Guerre, Cholem Aleichem, citoyen russe, se trouve à Berlin avec quelques amis. Il parvient à grand peine à gagner le Danemark, un pays neutre. À Copenhague, il trouve une foule de réfugiés juifs d’Europe centrale et orientale et parmi eux les membres de sa propre famille. Ils arrivent à monter sur un bateau en partance pour les États-Unis et pendant la traversée, l’écrivain se lie avec toutes sortes d’exilés dont il recueillera les malheurs. Le cycle des Histoires de chaos comporte les quatorze récits de Jacob Yonéver, un pour chacun des jours de la traversée. Ce réfugié juif polonais raconte à sa façon les atrocités de la grande guerre qui n’en est encore qu’à ses débuts. À travers la narration des affres qui frappent la petite communauté de Kroushnik, Cholem Aleichem décrit en termes sobres et prenants la vie et la mort de ces gens pris en tenailles entre les Russes, les Allemands et les Polonais. La ville de Kroushnik n’existe que dans l’imagination de l’auteur mais l’histoire a certainement eu lieu dans une bonne centaine de villages de Pologne.

Traduction : Shmuel Retbi, pour Littératureaudio.com.

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Exodus (1947)

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Livre audio gratuit ajouté le 11/04/2017.

10 Commentaires

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  1. Merci beaucoup Daniel, quelle belle lecture! Vous avez parfaitement rendu le style, la façon de raconter et ce bel humour juif, unique au monde, le sourire à travers les larmes; cett émotion qui vous remue jusqu’aux entrailles en évitant toute sensiblerie. Cholem Aleichem vous va comme un gant 🙂 Et d’ailleurs c’est votre Irène Némirovsky (merci mille fois!!!) qui m’a ramenée ici. Portez vous bien et au plaisir de vous retrouver pour d’autres textes.

  2. Ces récits m’avaient bouleversés et je suis heureux, Sylvie, que la traduction de Shmuel m’ait permis de rendre le caractère caustiquement désespéré du texte ! Merci à vous !

  3. Merci au traducteur et merci à vous monsieur Luttringer, pour nous permettre d’entendre ces terribles récits dans leur inimitable style oral yiddish. Il y a longtemps j’avais lu, de cet auteur Comédies du ghetto et Tragédies du ghetto, dont je ne trouve plus trace actuellement. J’apprécie l’énonciation faussement naïve et bonhomme de votre lecture, monsieur Luttringer, tout à fait adaptée aux récits de Jacob Yonever

  4. Allez ! Rien de tel qu’un petit extrait pour vous mettre l’eau à la bouche :

    « Alors mon aîné se met à réfléchir et quand les autres crient ” Raz dva tri pri ! “, alors lui, il lève son fusil et il tire en l’air. Dans rien du tout ni dans personne, vous suivez ? Enfin, il tire sur Dieu, quoi. Le sergent s’aperçoit que tout le monde tire dans le tas et juste un seul soldat tire en l’air. Il s’étonne. Il accourt, il regarde et il tombe sur mon Jéhiel. Alors son vieux fond de brute prend le dessus, à cet Esaü. Il hurle : ” Kak tibia ? Jidowskaya morda ! ” et toutes sortes d’injures comme seul le Tzar en a plein la bouche. ” Pourquoi tu tires en l’air ? ” Mais mon Jéhiel, il ne s’émeut pas et continuer à tirer au ciel. Et l’autre qui recommence : ” Kak tibya ? Jidowskaya morda ! Tire là-bas, là où tout le monde tire ! ” Et il lui montre la direction du doigt. Mais mon Jéhiel lui répond calmement : ” Là-bas ? Mais, là-bas, il y a des êtres humains. ” Vous voulez savoir comment cela s’est terminé ? Oh malheur aux ennemis d’Israël ! Au début, l’autre, cet Esaü-là, il resta abasourdi, les bras ballants. Parce que si on y regarde franchement, directement, quoi, eh bien c’est quelque chose de terrible. On prend des gens vivants et on leur tire dessus, comme sur des oiseaux ou sur des bêtes féroces. Ils ont tous un père, une mère, ou une femme, des enfants, vous comprenez ou non ? Et si les gens commencent à se tirer dessus comme ça, alors où allons-nous ? […] Ah vous voilà, Monsieur Cholem Aleichem ! Asseyons-nous là, sur le pont. Ah, on nous a gavés comme des oies ! Bien, je continue mes contes des mille et une nuits, mais en raccourci, d’accord ? Vous aimez ça, vous. Où en étions-nous ? Ah oui ! Alors, mon Jéhiel avait refusé de satisfaire le Tzar en tirant sur des êtres humains et il avait fusillé son Créateur… »

    Merci cher Shmuel et cher Daniel pour cette belle traduction et cette belle lecture.
    Je réfléchirai à deux fois la prochaine fois avant de tirer en l’air ; je ne voudrais quand même pas voir tomber le Créateur !

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