Cette cruelle mais aussi (presque) drôlatique nouvelle de l’écrivain-médecin Charles Segard (1854-1918) est une sorte d’ode aux aveugles. Elle est parue dans la Revue bleue en 1894.
« Tout cela fut officiellement constaté, puis, immédiatement, Peterson se précipitant sur le cadavre, énucléa, avec les précautions d’asepsie voulues, les yeux encore limpides du misérable, et courut à la chambre, où Burns couché, un assistant de chaque côté de son chevet, était plongé dans un demi-sommeil chloroformique.
L’opération fut menée avec une magistrale dextérité ; une fine suture réunit solidement les bouts fraîchement sectionnés des nerfs optiques du supplicié à ceux tout de suite arrivés de l’aveugle ; des sutures musculaires furent également disposées. Sur les paupières refermées, l’illustre oculiste appliqua un pansement occlusif, doucement compressif, et tout à fait antiseptique. Après quoi, son travail accompli, il poussa un soupir d’allègement, où perçait une pointe d’orgueil. »
Ludovic Alleaume, Beethoven (vers 1920).
J’ai été heureux de découvrir cette singulière nouvelle. Merci à vous, Fabregoul !
étonnante nouvelle , bien lue : un bon moment !