Place du marche de Vevey - Geisler 400

Vie de Samuel Belet

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Roman magnifique de Charles-Ferdinand Ramuz qui nous évoque tout un cheminement…

« Le cœur est la première chose qui nous échappe de nous-mêmes ; pourtant rien ne se fait sans lui. »

« — Mélanie ! — Comme tu es drôle, me dit-elle. Qu’est-ce que tu as toujours à me dire mon nom avant de parler ? Moi, je savais bien pourquoi. Ce n’était pas que les mots me manquassent : c’était plutôt qu’il y en avait trop ; et puis, aussi, certains, je n’osais pas les dire. » …  « — Bien sûr, dit-elle, qu’on pourra se voir. Je vis que je n’étais pas allé assez loin dans mon explication : — Il ne faudrait pas seulement qu’on se revoie… ou bien, si on se revoyait, il ne faudrait pas que ce soit tout à fait comme avant, à cause que je serai loin, tu comprends ; alors ce n’est plus la même chose… Écoute, Mélanie, est-ce que tu me promets… de ne pas m’oublier ? … Parce que, moi, vois-tu, je ne t’oublierai pas… Parce que, moi je… J’allais dire le vrai mot, il me resta sur les lèvres. Pour elle, elle s’était mise à rire.»

« Tristesse de ça, c’est terrible, quand on a la montagne encore dans les yeux. On ne peut pas s’habituer à ces regards qu’il faut toujours tenir baissés, sinon ils se perdent dans le vide, au lieu qu’avant, si haut qu’on les levât, ils trouvaient à quoi s’appuyer. On sent qu’on change de nature. Il semble qu’on sorte de soi. »

Et voici Paris. Puis ensuite Vevey.

« Toute la nuit en était déchirée, mais le bruit s’éloignait déjà, et le silence retombait plus profond. Il semblait qu’une nouvelle épaisseur du ciel se fût détachée ; elle nous recouvrait comme une étoffe à plis lourds. Bons et doux moments que c’était. Nous ne parlions ni l’un, ni l’autre : pourtant on se comprenait. On avait fini la journée, et il y avait en nous, à la fois, le contentement de l’avoir finie, et le contentement d’en voir venir une autre. Non pas qu’il s’y passât grand’chose, c’étaient des journées de petites gens. Manger, travailler, manger de nouveau, de temps en temps allumer une pipe, lever la tête alors et regarder autour de soi, puis cracher dans ses mains et se remettre à l’ouvrage ; mais c’est le dessous des choses qui importe, et le cœur agrandit tout. J’avais mis mon cœur à ces choses. Je l’avais assis dans sa vérité. »

« Les vrais changements dans la vie ne sont pas toujours ceux qu’on remarque le plus. »

Société, Nature, Amitié, Amour et tendresse, Histoire, Drame et Psychologie de ces personnages si attachants…

Rejoignons Samuel Belet…


Consulter la version texte de ce livre audio.
Illustration :

La place du marché et la Grenette à la fin du XIXème siècle.

Licence d'utilisation : CC BY-NC-ND : Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification
Livre audio gratuit ajouté le 07/12/2023.

8 Commentaires

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  1. À Bruno Méchin et madame, bonjour 😀. Je suis tout à fait navrée de vos soucis visuels, notre site met le maximum d’ouvrages pour permettre l’accès aux malvoyants d’auteurs variés. J’aime beaucoup enregistrer des livres de RAMUZ et je suis ravie que cela vous convienne, vous fasse passer de bons moments. Si un ouvrage peut vous faire plaisir, n’hésitez pas, si je puis le lire ce sera très volontiers. Prenez soin de votre vue, je sais combien cela est complexe. Il existe aussi l’advbs.fr que vous connaissez peut-être avec des ouvrages actuels ou des revues et des hebdomadaires qui sont enregistrés. Ça complète notre site de livres classiques. Je vous souhaite un agréable après-midi, recevez mes chaleureuses amitiés, Christiane.

  2. Merci pour ce beau Ramuz, Christiane Jehanne. J’aime bien chez lui (un peu comme chez Thomas Hardy que je suis en train d’écouter, le rapprochement est inattendu !) le mélange de réalisme dans la description des travaux des champs et des villes avec la poésie aérienne et lumineuse des paysages de lac et de montagnes.
    Tout de même, il me semble que le panthéisme de l’auteur réduit la misère humaine à peu de choses, une simple fatalité qu’il faut accepter avec sagesse. C’est révoltant tout de même, vous ne trouvez pas ? Les poissons, les poissons, je veux bien mais quand même, bof.
    Je crains d’être trop terre à terre pour Ramuz !
    Par ailleurs je suis en train de vous écouter avec le plus grand intérêt dans le tome 3 de L’histoire de la Réformation au XVIe siècle et je me demande si on ne retouve pas chez Ramuz cette idée protestante que l’homme n’est rien sans la grâce de Dieu. Mais celle-ci ne semble pas se pencher sur le pauvre Belet. Ne pensez-vous pas ?

    1. Chère Sylve, bonjour 😀, je vous remercie infiniment 😀, j’aime énormément Ramuz, son style, ce qu’il transmet. Par ailleurs, L’Histoire de la Réformation est passionnante, une mine d’informations, ce fut un très beau projet et très stimulant. Je propose des textes, variés certes, chacun peut y réfléchir ensuite … Toutes mes amitiés chaleureuses et merci de votre fidélité bien aimable qui me soutient pour continuer… , belle fin de journée à vous 😊, Christiane.

  3. Chère Origan, merci beaucoup 😊! Quant à continuer pour notre site, j’en ai l’envie et le temps, oui…, j’ai d’ailleurs plusieurs projets, et ce sera avec grand plaisir pour des audiolectrices-lecteurs aussi aimables et amicaux que vous 😊. Belle soirée à vous, toutes mes amitiés chaleureuses, mes meilleurs vœux 😀 et à bientôt j’espère, Christiane.

  4. Merci beaucoup Christiane-Jehanne, pour la lecture si agréable de ce beau roman. Je suis parfois ” dépassée ” par les œuvres de Ramuz, même si je pense qu’il ne faudrait pas, pour moi en tout cas, les prendre au pied de la lettre. Cette œuvre m’a semblé très accessible et profondément émouvante, dans sa simplicité sincère, et intéressante concernant les rapports entre travailleurs des différentes régions traversées, concernant aussi les liens amoureux et conjugaux, la “maturation” au long d’une vie…
    Avec reconnaissance !
    marjolaine sauvage = origan
    vous salue cordialement.

    1. Chère Origan, bonjour, grand merci de votre si aimable message, je suis très touchée 😀🙏🏻. Oui, ce roman est un peu différent des autres ouvrages de notre Ramuz, mais en fait il faut se laisser porter par la prose poétique de Ramuz, on est dans le réel et dans la poésie de son regard , on part…, ce peut être mystique, humaniste, et poétique. Le rythme de sa prose est très particulier, il faut y entrer et se laisser entraîner dans son monde toujours humain, humaniste, sans oublier la Nature. C’est un tout… Un regard généreux sur les hommes, la vie, la Nature. Grand merci, je vous souhaite un agréable réveillon et une très heureuse année 2024 de joies et en bonne santé 😊, toutes mes amitiés chaleureuses 😊, Christiane.

      1. Merci pour vos bons vœux, chère Christiane. À mon tour de vous souhaiter un bon réveillon et une année 2024 en bonne santé, avec de nouvelles lectures sur litteratureaudio, si vous en avez l’envie et le temps !
        Bien à vous.

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