Une brève rencontre entre le poème de Baudelaire
et la mélodie d’Ernest Chausson.
Une autre allégorie du poète,
déchiré entre l’aspiration à l’élévation
et l’attirance pour la chute,
entre l’idéal et la réalité
et qui se sent différent des autres,
exilé parmi les hommes.
étranger.
Poème extrait des Fleurs du mal, édition de 1861.
Illustration :
L’albatros royal, © Olivier PARIS. Avec sa permission.
Illustration musicale :
Extrait de L’albatros,sur un poème de Charles Baudelaire
d’Ernest Chausson (1879), avec l’aimable autorisation de l’interprète,
le baryton Chris Pedro Trakas. Au piano, Graham Johnson.
La mention « (Version 3) » à la suite du titre indique qu’il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1, Version 2.
A quelques années de distance, je rejoins le commentaire de Marie – et je recherche aussi à proposer une lecture en ligne à mes élèves. Je ne pense pas qu’on perde à prononcer “qui sui-ve-tindolents”, par exemple. Cependant, ni Piccoli, ni Ferré (dans sa chanson), ne le font. Dommage. Baudelaire connaissait le poème en prose, qu’il avait “chipé” à Aloysius Bertrand. Mais quand il s’escrime, ou s’échine, peut-être des nuits durant, à écrire un vers régulier, avec toutes les subtilités que permettent, en français, les liaisons et la prononciation variable des e finaux (suivis ou non de consonne), c’est dommage de l’en priver. Toute la difficulté, comme dans le théâtre classique, consiste donc à faire entendre douze syllabes, sans avoir l’air de traîner une charrue, comme on le faisait en récitant La Fontaine sur l’estrade, au primaire.
Merci en tout cas pour cette lecture!
Les duels sur la “scansion” ont de la tenue par ici !
Suis passé tout à l’heure sous le Pont Mirabeau, où coule la Seine. Point d’albatros, mais nous avons tout de même notre cormoran local. Dérèglement climatique oblige !
Cher Gilles-Claude,
Merci pour votre réaction rapide et bien argumentée. Je ne suis pas particulièrement puriste en ce qui concerne la scansion et je conçois tout à fait que l’on puisse prendre des libertés avec elle dans une certaine mesure, notamment quand cela ne trahit pas la volonté de l’auteur.
Cependant, je ne partage pas votre avis sur le côté sclérosant et stérile de la scansion. Le mélomane que vous semblez être ne peut pas ne pas être sensible à la discordance causée par une scansion fautive. La poésie est musique et ce poème a été voulu par son auteur sous une forme codifiée et fixe, le sonnet, qui implique le respect de la régularité du vers. Je regrette un peu que la scansion se perde, car elle est à mes yeux une harmonie sans laquelle l’œuvre n’est pas rendue à sa juste valeur.
D’autre part, je ne comprends pas très bien les questions que vous posez sur la longueur et la quantité des syllabes. Je parlais simplement des -e en fin de mot et avant consonne, qui doivent normalement être prononcés.
Je suis persuadée que la scansion ne dessert en rien l’émotion, mais qu’elle peut au contraire la sublimer en l’inscrivant dans une harmonie supérieure. C’est pourquoi je me suis permise ce commentaire, qui n’enlève rien à l’admiration que j’ai pour votre interprétation, mais qui témoigne de ma déception de ne pouvoir utiliser un si bon travail avec mes classes.
Merci Marie pour votre commentaire.
Sans en faire une nouvelle ‘Querelle des Anciens et des Modernes’, permettez-moi. Je sais que dire des vers est un art pour lequel il n’existe aucune règle absolue et qu’on est loin aujourd’hui des dogmes des traités de déclamation.
On pourra appeler ‘scansion’ une diction qui se borne à individualiser toutes les syllabes et à marquer les césures et les fins de vers ; on connaît bien cette scansion ‘scolaire’ qui ne peut prétendre qu’à l’exactitude du schéma métrique, puisqu’elle repose sur la quantité des syllabes ou des ‘pieds’.
Faut-il proposer une diction ‘scolaire’ des vers syllabiques français en se limitant à rendre perceptibles les régularités métriques ?
Tout comme la scansion empruntée et qui s’applique aux vers greco-latins, toutes les syllabes, dans la poésie française, ont-elles effectivement des longueurs équivalentes ? Existe-t-il divers degrés de quantité syllabique ?
Pour ma part, en bref et par choix, je me permets certaines licences, croyant ainsi dépasser le stade de la scansion ‘scolaire’. Comme en musique, je tente de faire du rubato, dérobant ainsi parfois quelques ‘e’. Chut !
Tout en gardant une certaine rigueur, il m’arrive de faire une espèce de stringendo-calando croyant servir ainsi une certaine émotion.
Les rubatos d’un Chopin ou d’un Liszt m’inspirent.
Ainsi, j’écoute ici
https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/peguy-charles-adieux-a-la-meuse-poeme-version-2.html
avec plaisir et émotion Cocotte qui a su respirer les alexandrins de Péguy, loin du métronome ou de la scansion ‘scolaire’, et qui sait me rejoindre et me faire entendre tout le charnel et tout le sacré de ce magnifique poème.
Très belle lecture, cependant je tiens à signaler qu’il y a plusieurs erreurs de scansion qui déséquilibrent l’ensemble (des e non prononcés). Dommage !
Bonjour
Site merveilleux qui me procure de trés agrèable
moments, merci
Monique