Connu pour ses ouvrages de critique littéraire, pour ses poèmes et son roman Volupté, Sainte-Beuve (1804-1869) est aussi l’auteur de trois nouvelles oubliées dont Christel plus ou moins chargée de souvenirs personnels. Ce récit très émouvant de la destinée d’une jeune fille de 18 ans illustre ces deux pensées lyriquement exprimées par l’auteur, l’une vers le milieu :
« Amour, Amour, qui pourra sonder un seul de tes mystères ? depuis la naissance du monde et son éclosion sous ton aile, tu les suscites toujours inépuisés dans les cœurs, et tu les varies. Chaque génération de jeunesse recommence comme dans Éden, et t’invente avec le charme et la puissance des premiers dons. Tout se perpétue, tout se ranime chaque printemps… »
et l’autre vers la fin :
«Ô Mort, que tu as de formes diverses, et que celui qui t’a déjà rencontrée peut néanmoins te trouver nouvelle ! On t’a vue, quand tu te prends à la jeunesse et à la beauté, t’y acharner avec violence, y revenir coup sur coup, pour les ébranler, comme avec sa hache le bûcheron furieux, et leur livrer de longs assauts dans des agonies terribles. D’autres fois, tu t’attaques lentement et d’une ruine continue à l’enveloppe en même temps qu’au fond, tu opères degré par degré l’œuvre de destruction dans les plus florissantes natures, tu y ravages tout avec un art cruel avant de frapper le dernier coup au cœur ; une vieillesse comme centenaire est empreinte sur des visages de vingt ans. »
Charles-Augustin Sainte-Beuve.
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