Les clowns entraient bruyamment en piste. Ils étaient une douzaine de joyeux compères, grotesquement costumés, enfarinés, coiffés de grosses perruques, gambadant, sautant, cabriolant.
Un clown, vieux et cassé, se tenait droit loin de ses confrères. Son collant rouge et noir mettait sa maigreur en relief. Le toupet roux de sa perruque tombait, flasque, sur son front déprimé. Ses longs pieds, ses jambes décharnées, semblaient ne pouvoir porter le torse qu’avec des efforts inouïs.
La femme, une blonde au front large, aux yeux clairs et doux, portait un joli costume d’amazone. Dès qu’elle parut, les applaudissements éclatèrent, longs, répétés, bien nourris. Heureuse du succès obtenu, elle maniait son cheval avec une dextérité toute masculine. En voyant la vivacité de ses gestes, l’animation de son visage, l’éclat de ses yeux, on sentait que cette belle fille était là dans son élément.
Comment cette magnifique jeune femme avait-elle pu épouser ce clown vieux, maigre, chauve, grincheux et jaloux ?
Une nouvelle du recueil Les Amours buissonnières.
Georges Seurat, Le Cirque (1891), Musée d’Orsay.
Merci cocotte de me faire découvrir cet auteur, Camille Allary que je ne connaissais pas, dont j’ai apprécié le style , le pouvoir évocateur et également l’aspect tragique du récit
merci pour votre trouvaille !
Merci pour votre lecture !
Post-scriptum je vous ai très souvent écoutée notamment pour les « Jane Austen » que j’ai « revécus » grâce à votre voix avec un beau grand bonheur