« Le hasard est le plus grand romancier du monde : pour être fécond, il n’y a qu’à l’étudier. La Société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la Société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. Avec beaucoup de patience et de courage, je réaliserais, sur la France au dix-neuvième siècle, ce livre que nous regrettons tous que Rome, Athènes, Tyr, Memphis, la Perse, l’Inde ne nous ont malheureusement pas laissé sur leurs civilisations, et qu’à l’instar de l’abbé Barthélémy, le courageux et patient Monteil avait essayé pour le Moyen-Âge, mais sous une forme peu attrayante. […]
Ce n’était pas une petite tâche que de peindre les deux ou trois mille figures saillantes d’une époque, car telle est, en définitif, la somme des types que présente chaque génération et que La Comédie humaine comportera. »
Tel est l’esprit de cet Avant-propos qui permet d’approcher les motivations de Balzac et d’éclairer les conditions dans lesquelles cet « effroyable labeur » a pu s’effectuer. Quant aux conceptions idéologiques de l’auteur en matière de politique et de religion, je tiens à préciser qu’elles n’engagent vraiment que lui… C.D.
Ludwig van Beethoven, Concerto N°1 pour piano en do, Op.15 (European Archive, domaine public).
Merci beaucoup! Votre voix est si agréable a entendre. Ça me donne vraiment envie de débuter cette gigantesque oeuvre qu’est La Comédie humaine. Merci infiniment.
Cher Monsieur Dousset,
… tant qu’à avoir l’ambition et l’envie d’écouter les romans de la comédie humaine, et dans l’ordre ( !!) (j’en ai l’espoir du moins), ce que permet a priori littérature audio, pourquoi ne pas écouter en premier lieu l’avant-propos ?
… je n’ai pas regretté… comme c’est étonnant de découvrir les considérations de l’auteur sur cette grande œuvre … on connaît Balzac pour ses romans qu’on a lus la plupart du temps de façon séparée , dans un ordre le plus souvent aléatoire, mais on ne connaît pas nécessairement le projet qu’il avait en tête , ordonné, exhaustif , avec de multiples dimensions, quasiment géographiques (décrire la France) , morales, philosophiques, sociologiques, analytiques, politiques et humaines.
on a presque le sentiment de lire un philosophe ou un moraliste ou un essayiste lorsque l’on prend connaissance de cet avant-propos alors que une fois que l’on est plongé dans ses livres il me semble que a priori c’est bien le romanesque qui l’emporte .
Alors que l’ensemble de la réflexion qui sous-tend le projet est passionnants.
Les considérations politiques de l’époque sur l’opposition entre le monarchisme et la république entre le christianisme et l’athéisme , les prises de position de Balzac , pour le catholicisme et pour le monarchisme : ces mentions sont très intéressantes du point de vue de l’histoire littéraire .
Autant d’éléments que je ne pouvais soupçonner avant d’écouter cet avant-propos.
quant à votre lecture , à chaque fois que je vous écoute j’ai toujours le sentiment qu’il s’agit d’une lecture professionnelle…
un très grand merci
Je suis désolé, Wolmar, de répondre aussi
tardivement mais merci d’avoir pris le temps d’un commentaire aussi gratifiant.
Le chocolat, c’est quand même quelque chose…
Belle journée à vous.
Merci pour cette lecture très stimulante, Christian, vous avez opté pour l’éloquence et l’engagement et cela convient très bien à l’esprit de cette préface, ma foi. Un texte où se côtoient des vues puissantes et de colossales naïvetés. Mais que l’on ne s’y trompe pas, malgré cette vacherie je suis un inconditionnel du maître et, comme Fraise, parfois saisi de boulimie balzacienne, c’est encore meilleur que le chocolat. Encore merci Christian, c’est grand.
Chère Fraise,
Ravi de retrouver vos commentaires toujours vivifiants. Il est vrai que l’époque peut inciter à la boulimie; mieux vaut qu’elle soit littéraire!
Bien amicalement.
Christian