Satirique, railleur, épigrammatique, incisif et moqueur (cf. Jolie société !), Aurélien Scholl a publié en 1876 Les Amours de cinq minutes, une trentaine de petits pamphlets, dont, toujours hostiles à son époque :
Confession d’une girouette :
“Innocent comme une fille,
À Versailles j’ai rougi
D’éclairer une charmille
Où folâtrait Dubarry.
La République arriva,
Et le lampion l’éclaira.
Plus tard le même lampion
Éclaira Napoléon.
Tour à tour pour dix centimes,
Prodigue de mes rayons,
J’éclairai tous les régimes
Sans avoir d’opinions.
Restauration, lampion !
Révolution, lampion !
Puis, autre Napoléon,
Avec le même lampion !
Mais, type d’ingratitude,
Comme certains mécontents,
J’ai fumé, par habitude,
Sous tous les gouvernements ! »
Être invisible :
« C’était le soir du crime.
Cinq ou six jeunes gens avaient soupé dans un cabinet de la Maison-Dorée. C’est le moment des confidences et des divagations, des rêveries et des aveux ; chacun place son mot : les pensées intimes s’évadent avec la fumée de la flor de Tabanas. »
Charge d’âme :
« Sérieusement, une femme en chair et en os revient à des prix fous. La femme est à cinq cent mille francs le mètre. C’est à qui trouvera une façon nouvelle de disposer sur sa tête les étoffes et les dorures ; on rencontre au bois de Boulogne des costumes de féerie, des jambes nues, des cheveux bleus. La nuit, on trouve des enfants nouveaux-nés au pied des murs et sous les portes cochères. C’est un bonheur quand ils ne sont pas coupés par morceaux. »
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.