Deux Contes d’hiver extraits de Contes à la brune, pleins de neige, de poésie et de nostalgie amoureuse.
« Une heure après, la neige avait tombé abondamment, rayant encore de légères broderies blanches le manteau gris du ciel, pareille à un vol de flèches obliques criblant les maigres arbres nus comme des saints Sébastiens. […] Tout était blanc et c’était un craquement sous les pas s’enfonçant dans ce froid tapis. Une vague clarté montait de toutes ces candeurs répandues, argentée comme si cet orient eût été fait de rayons de lune en fusion. Les étoiles ont souvent l’air de rêver. Peut-être Perrette devenue étoile, comme c’est le commun destin des belles âmes, avait-elle laissé choir à nouveau, du firmament, un immense pot au lait. Les astres aussi doivent perdre quelquefois leurs illusions, surtout s’ils nous regardent. » (Première Neige)
« Et je me souvins d’un autre hiver, dans ce même bois, d’un hiver où la neige aussi était partout, comme si un fleuve de lait se fût soudain ouvert au flanc de quelque montagne du ciel. Car les nuages sont comme les collines d’un paysage suspendu au-dessus de nos têtes et souvent semblent-ils, à l’horizon, prolonger les chaînes de nos collines terrestres dans la clarté rouge et moutonnante des couchants. Oui c’était par un hiver tout pareil et dans un pareil décor que j’avais aimé pour la dernière fois peut-être. » (Amorosa)
Merci M. Depasse.