Ce ne sont pas ses vers qui ont fait la renommée d’Anatole France. Il y en a pourtant de très beaux, comme le prouvent ces six poèmes : À la lumière, Le Désir, La Mort du singe, Le Chêne abandonné, Marine et Vénus, Étoile du soir.
« Sous les molles pâleurs qui voilaient en silence
La falaise, la mer et le sable, dans l’anse
Les embarcations se réveillaient déjà.
Du gouffre oriental le soleil émergea
Et couvrit l’Océan d’une nappe embrasée.
La dune au loin sourit, ondoyante et rosée.
On voyait des éclairs aux vitres des maisons.
Au sommet des coteaux les jeunes frondaisons
Commençaient à verdir dans la clarté première.
Et le ciel aspirait largement la lumière.
Il se fit dans l’espace une vague rumeur
Où le travail humain vint jeter sa clameur.
Les femmes en sabots descendent du village,
Les pêcheurs font sécher leurs filets sur la plage,
Et le soleil allume, au dos des mariniers,
Les spasmes des poissons dans l’osier des paniers.
Dans un creux de falaise où voltige l’étoupe,
Un vieil homme calfate, en chantant, sa chaloupe,
Tandis que tout en haut, parmi les chardons blancs,
Cheminent deux douaniers, au pas, graves et lents.
Dans un bateau pêcheur dont la voile latine.
Blanc triangle, reluit à travers la bruine,
Un vieux marin, debout sur le gaillard d’avant,
Tendant le bras au large, interroge le vent. » (Marine)
Ne croirait-on pas lire du Victor Hugo décrivant Guernesey ?
Max Švabinský, Fusion des âmes (1896).
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