La nouvelle d’Anatole France n’est pas une invention de l’auteur ; Buonamico Buffalmacco ou Buonamico di Cristofano est un peintre italien du XIVe siècle, plus célèbre par ses facéties et ses bons mots, recueillis par Boccace et Franco Sacchetti, que par ses peintures dont la plupart ont disparu. On lui attribue la paternité des fresques du célèbre « triomphe de la mort » du Campo Santo de Pise, peintes dans le style de Giotto. Dans Le Joyeux Buffalmacco, il commence par être l’élève d’Andrea Tafi qu’il mystifie deux fois ; ses autres farces sont à l’avenant.
« En sa première jeunesse, Buonamico Cristofani, Florentin, surnommé Buffalmacco pour son humeur joyeuse, fit son apprentissage dans l’atelier d’Andréa Tafi, peintre et mosaïste. Or le Tafi était un maître habile. Étant allé à Venise alors qu’Apollonius revêtait de mosaïques les murs de San Marco, il avait surpris par ruse des secrets que les Grecs gardaient soigneusement. De retour dans sa ville, il se rendit si fameux dans l’art de composer des tableaux par l’assemblage d’une infinité de petits carrés de verre diversement colorés, qu’il ne pouvait suffire aux demandes… Et comme il était jaloux aussi de peindre à la fresque, avec des couleurs broyées, dans la manière des Grecs, qui était alors la seule connue, il ne prenait jamais de repos et n’en donnait jamais à ses apprentis. »
Or, Buffalmacco était un de ces apprentis qui aimait bien dormir le matin… et c’est la première farce.
Détail de Le Triomphe de la mort, de Bonamico di Martino da Firenze dit Buffalmaco, Pise.
^Merci M. Depasse.