Un conte « alsacien » au moment de l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871…
Le début : « Avant qu’il eût prêté serment à l’empereur Guillaume, il n’y avait pas d’homme plus heureux que le petit juge Dollinger, du tribunal de Colmar, lorsqu’il arrivait à l’audience avec sa toque sur l’oreille, son gros ventre, sa lèvre en fleur et ses trois mentons bien posés sur un ruban de mousseline.
« Ah ! le bon petit somme que je vais faire », avait-il l’air de se dire en s’asseyant ; et c’était plaisir de le voir allonger ses jambes grassouillettes, s’enfoncer sur son grand fauteuil, sur ce rond de cuir frais et moelleux auquel il devait d’avoir encore l’humeur égale et le teint clair, après trente ans de magistrature assise.
Infortuné Dollinger !
C’est ce rond de cuir qui l’a perdu. Il se trouvait si bien dessus, sa place était si bien faite sur ce coussinet de moleskine, qu’il a mieux aimé devenir Prussien que de bouger de là. L’empereur Guillaume lui a dit : « Restez assis, monsieur Dollinger ! » et Dollinger est resté assis ; et aujourd’hui le voilà conseiller à la cour de Colmar, rendant bravement la justice au nom de Sa Majesté berlinoise. »
La mention « (Version 2) » à la suite du titre indique qu’il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1.
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