Cette nouvelle se trouve dans le recueil de Camille Allary : Les Amours buissonnières.
À cette époque, les fées vivaient encore.
Maïa, la reine des fées, avait l’âge indéfini des créatures fabuleuses, dans les veines desquelles une goutte du sang des dieux païens coula jadis. Le charme pénétrant qui s’exhalait de sa personne était tel que le grand vizir eut donné esclaves et joyaux pour la posséder et qu’un poète eut passé sa vie entière à baiser ses pieds nus.
Or, certain soir de juin, Maïa quitta le palais sans son escorte ordinaire de dames d’atour et, pensive, s’en alla rêver du côté du Rhône. Tout à coup, le bêlement craintif d’un agneau apeuré réclamant sa mère lui fit détourner la tête. Elle s’arrêta, prêtant l’oreille.
Couché derrière une haie, superbe sous sa bure en lambeaux, un homme dormait. La reine des fées se courba, curieuse. Le pâtre était beau comme un jeune dieu. Maïa, pétrifiée d’admiration, restait debout devant lui. Pour la première fois, le feu de l’amour la consumait.
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