Les deux satires d’Alfred Jarry (1873-1907) hostiles à la maréchaussée antérieurement publiées sur le site extraites de Spéculations (1911-posthume) ne suffisent pas pour illustrer le genre d’humour du père des Ubu.
Ces dix articles, où le sérieux de L’Abolition de la peine de mort côtoie l’ironique Les Arbres français, montrent bien le caractère atypique de ce poète lavallois, dramaturge, romancier pour qui, comme pour Lautréamont ou Rimbaud, la littérature est un acte de négation libératrice.
Ce billet est une occasion d’ajouter au texte de Forneret Réflexions sur la peine de mort l’opinion d’un théologien protestant citée par Jarry :
« Or, cette application [de la rigueur et de l’indulgence] me semble exiger une distinction capitale (sic) : celle entre les assassins de profession, dont le métier est de tuer pour vivre, qui guettent le passant au coin d’une rue, pour l’assommer et le dépouiller, et les assassins d’occasion, qui, mus par un sentiment de haine, de vengeance, de jalousie, d’envie, d’amour-propre, d’intérêt, tuent un homme et ne feraient autrement de mal à personne.
Pour ces derniers j’abolirais la peine de mort. Quant aux bandits, qui infestent surtout nos grandes villes, je les enverrais tous à l’échafaud, après la première attaque nocturne, sans attendre la récidive. Je ne vois que ce procédé pour mettre la société à l’abri de ces bêtes féroces. C’est à la fois une affaire de justice et de préservation sociale.
Alfred Jarry sur le chemin de halage aux Bas-Vignons (1898).
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