Dans ce texte de jeunesse (il a alors 19 ans), extrait des “Contes d’Espagne et d’Italie“, Alfred de MUSSET, alors membre du Cénacle, cercle d’écrivains romantiques regroupés autour de Victor Hugo, nous entraîne dans une Espagne qu’il ne connaît que par les poncifs qui circulent à l’époque et qui donnent de ce pays une image d’un exotisme exacerbé, privilégiant, par exemple, désirs violents et fureurs criminelles chez de jeunes et “fougueux” hidalgos.
La forme est singulière, en quatre parties, mêlant alexandrins souvent désarticulés et dialogues rimés, pratiquant aussi le mélange des genres, comme la poésie descriptive et les duels de cape et d’épée. Le tout, précédé en incipit par un extrait (en langue anglaise) d’Othello, le “Drame de la jalousie” de William Shakespeare.
C’est bien l’histoire d’un féminicide qui nous est contée ici, ce crime que d’aucuns ont longtemps appelé “crime passionnel” ou “crime d’honneur” (cet “honneur” qu’on se doit de “laver” (sic) !), ce qui permettait au criminel, encore il y a peu, de bénéficier, lors de son jugement, de “circonstances atténuantes” ! Rappelons à ce sujet qu’on a recensé en 2023, en France, 103 féminicides (a minima), commis par des compagnons ou des ex-compagnons.
EXTRAIT : [Don Paez à son rival Don Etur] :
— Viens ici, je te crois quelque vigueur à l’âme. / En as-tu ce qu’il faut pour tuer une femme ?
— Frère, dit Don Etur, j’en ai trois fois assez / Pour donner leur paiement à tous serments faussés.
Danseuse espagnole , par Alexandre LUNOIS (1863-1916), illustrateur
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