Après la jeunesse et l’éducation de Germaine de Staël, puis la suite de la première partie traitant des écrits, nous abordons avec la seconde partie, « la vie domestique et sociale de madame de Staël ».
Albertine-Adrienne Necker de Saussure, sa cousine par alliance, évoque avec justesse de ton et précision d’événements, la personnalité privée, intime, de celle à qui elle rend un hommage sensible. Elle nous dépeint sa psychologie, ses affections, ses enthousiasmes et ses peines.
La si forte et infinie tendresse entre monsieur Necker et sa fille est touchante.
Le décès de son père fut à tout jamais une épreuve cruelle que l’auteure de cette notice traite avec pudeur et vérité.
L’intérêt de madame de Staël pour l’humain est généreux et altruiste.
« Le sentiment était un dans son cœur ».
Sa vivacité, sa curiosité, son intelligence très rapide nous font aussi comprendre son style dans certains écrits.
Elle fut une mère attentionnée. Ses relations aimantes et contrôlées avec ses enfants, l’éducation qu’elle leur a donnée, tout cela est fort bien relaté par madame Necker de Saussure.
La magnifique lettre écrite par la fille de madame de Staël, madame la duchesse de Broglie, nous fait ressentir l’amour maternel et l’affection qui régnaient.
Les relations, sa façon de vivre parmi ses très proches, ses réparties, et sa personnalité très émotionnelle, sensible, nous sont présentées ici.
Ensuite, un aspect particulier de sa vie privée, avec son amour pour le théâtre, la musique « impressive », et le temps qui passe, sont traités dans les dernières pages de ce très beau texte de madame Necker de Saussure :
– Tout d’abord avec le genre de vie souple de Germaine de Staël, les affaires et études, la correspondance, puis le théâtre de société.
« Madame de Staël a connu la meilleure partie de la littérature européenne, sans avoir jamais employé un temps considérable à l’étude ; elle lisait vite sans lire superficiellement, et elle n’a jamais rien passé d’intéressant, ni donné une minute à rien d’inutile. Elle jugeait de génie, si on peut dire ; un tact très-sûr lui indiquait bientôt l’esprit, le caractère et l’intention secrète d’un auteur, et elle se servait ensuite de cette connaissance pour apprécier l’ouvrage. »
[…]
« Parmi les beaux-arts, le plus habituellement nécessaire à madame de Staël était la musique. Musicienne elle-même, et douée d’une belle et grande voix, elle n’a cessé d’exercer son talent que lorsque ses enfants ont pu lui procurer le genre de distraction qu’elle demandait à l’harmonie. Elle voulait y puiser à la fois du calme et de l’inspiration… »
– Puis la partie Effets du temps, où l’auteure nous offre un très beau portrait, sobre, touchant et de grande finesse psychologique.
« Ce qu’elle avait perdu en vivacité se retrouvait en profondeur et en harmonie. »
Elle ressent un besoin plus intense de spiritualité : « La religion est la vie de l’âme », écrit-elle dans son dernier ouvrage.
La hauteur de vue, la pertinence intellectuelle de madame de Staël sont reconnues et recherchées.
– Et enfin Maladie – Conclusion :
« Mais elle a regretté la vie plutôt qu’elle n’a véritablement redouté la mort. Elle a pu craindre les dernières souffrances ; une imagination telle que la sienne a pu concevoir quelque horreur à l’idée, terrible pour tous, de la dissolution matérielle ; mais le trépas moralement considéré ne lui a pas causé d’effroi. »
Dans sa conférence sur Juliette Récamier, l’universitaire Jacqueline Baldran expose fort bien l’amitié entre Germaine de Staël et Juliette Récamier.
Nous avons aussi, dans les Mémoires d’outre-tombe de François-René de Chateaubriand, des pages très intéressantes qui nous informent sur madame de Staël, avec le regard si pertinent et sensible de l’auteur.
Madame Necker de Saussure a rédigé ces belles pages avec grand talent, tact. C’est un délicat et passionnant hommage pour sa cousine et presque « sœur ».
Ce texte intégral de la notice vous est proposé en commémoration du bicentenaire du décès de madame Germaine de Staël, en 1817.
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