Edmond About écrit La Cherté dans un tout autre style que L’Épître aux bredouilles ou ses romans… Il prend ici la plume du pamphlétaire polémiste, rédacteur en chef du XIXème Siècle, journal de la gauche républicaine. Nous sommes dans les années 1880 et cet article économico-social sur la vie chère, les ouvriers et les patrons a une résonance tout actuelle :
« Messieurs les patrons, consultez-vous ; voyez s’il vous en coûtera plus d’élever le taux des salaires ou de perdre les bénéfices de l’exportation. […] Le plus grand vice de la grève, c’est qu’elle nuit également aux deux parties. Tandis que le patron et l’ouvrier se regardent en chiens de faïence, chacun comptant sur la fatigue et le découragement de l’autre, ils se ruinent parallèlement. Ne vaudrait-il pas mieux s’entendre tout de suite, puisque l’on a besoin les uns des autres et qu’on est sûr d’en venir là tôt ou tard ? […] Le commerce français, grâce aux nouveaux traités, importe en ce moment cinquante mille chapeaux anglais. Il importera dans un mois des voitures anglaises et tous les produits anglais qui ne se fabriqueront plus chez nous. La Suisse, la Belgique, l’Allemagne, n’attendent qu’une bonne grève bien établie pour nous inonder de leurs produits. »
Cette Causerie est un témoignage intéressant historiquement, bien rédigé par un premier agrégé es lettres devenu académicien français.
Un sujet toujours d’actualité
Merci M. Depasse.