(O) RETBI, Shmuel – Alexis, Lukas et la Trampomotive

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      #161217
      CocotteCocotte
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        • Bonjour, chers camarades donneurs et donneuses de voix
        • Shmuel Retbi me demande de vous présenter la nouvelle ci-dessous, écrite à l'intention des pré-adolescents et grands enfants.
        • Merci pour le temps que vous passerez à lire cette histoire.
        • Cordialement
        • Cocotte

         

        Alexis, Lukas et la Tempomotive

        Shmuel Retbi

        Chapitre 1

        Madame Flocon-Davoine versa le café dans les deux tasses sans interrompre le flot de ses paroles :

        ” Vous comprenez, Madame Artémise, il prétend que c'est une question de jours, d'heures, peut-être . “

        Mamie Artémise demanda prudemment :

        ” Et vous pensez, vraiment, que cela peut marcher ?

               Il travaille là-dessus depuis plus de trente ans, imaginez !

               Justement, cela fait quand même pas mal de temps…  Et en attendant… “

         


        Un hurlement de triomphe se fit entendre de la chambre voisine :

         ” Euréka ! Ça marche ! “

         Le Docteur Flocon-Davoine entra dans le salon comme un bolide, attrapa sa femme par les deux épaules et l'embrassa sur les deux joues :

         ” Ça marche, je te dis ! Ça marche ! “

         Après un quart d'heure de rugissements de joie et de gesticulations exubérantes, le Docteur Flocon-Davoine accepta enfin de s'asseoir et raconta un peu plus calmement :

         ” Trente ans de recherches et d'expériences. J'ai lu des centaines de rapports de mes collègues du Monde entier. J'ai répété et amélioré des dizaines d'expériences de tous genres. Et voilà le résultat ! Ça marche !  Ça marche , je vous dis-je ! “

         Mamie Artémise jugea prudent de s'esquiver et regagna son appartement de l'autre côté de la cage d'escalier. Elle attendait Alexis et Lukas qui devaient venir déjeuner chez elle, ce fameux mercredi. Comme les enfants arrivaient sur le palier, ils se heurtèrent au Docteur Flocon-Davoine qui dansait et pirouettait, sortant et entrant, tournoyant et chantant à tue-tête. Les enfants se précipitèrent chez leur Mamie et Alexis demanda :

         ” Qu'est-ce qui arrive au voisin, Mamie ?

               Oh, trois fois rien. Il vient d'inventer une machine extraordinaire et il est tout chose.

               Quelle machine, Mamie, demanda Lukas.

               J'avoue que je n'en sais rien, par exemple. J'ai oublié de demander de quoi il s'agissait. “

         Après le déjeuner, Mamie Artémise se retira pour faire sa sieste de l'après-midi. Elle recommanda aux deux enfants de garder le silence et de s'amuser sans faire trop de dégâts. Restés seuls, Alexis et Lukas décidèrent d'aller voir ce qui se passait chez les voisins. Ils sortirent sans bruit et vinrent sonner à la porte des Flocon-Davoine. La femme du savant ouvrit la porte et sourit gracieusement à la vue des deux gamins :

         ” Entrez, entrez, votre Mamie n'est pas avec vous ? “

               Non, elle va venir un peu plus tard. On peut voir l'invention ?

               Je vais demander à mon mari, cela lui fera sans doute plaisir. “

         Deux minutes plus tard, Alexis et Lukas contemplaient une drôle de chose qui trônait au milieu de la salle d'expériences du Docteur Flocon-Davoine. Cela ressemblait un peu à un avion sans ailes, à un canoë à roulettes, ou à une auto amphibie. À l'intérieur, sous un cockpit de verre bombé, on pouvait voir deux sièges tubulaires et un tableau de bord où s'alignaient des écrans, des boutons et des leviers étranges. Le docteur Flocon-Davoine commença ses explications.

         

         Chapitre 2

         ” Comme vous savez, mes enfants, l'Homme, je veux dire, les gens comme vous et moi, aiment beaucoup se promener un peu partout. Avec le temps, il a sauté sur un cheval, il a fabriqué des chariots, des patinettes, des bicyclettes, puis, des autos, des avions et des fusées interplanétaires. On va de plus en plus vite et de plus en plus loin. Mais il y a une chose qu'on n’arrive jamais à faire, un rêve qu'on veut à tout prix réaliser, et cela s'appelle “Voyager dans le temps. ” On en parle depuis des milliers d'années et on n'y arrive jamais. Or, moi, comme vous me voyez, le Docteur Théodore Flacon-Davoine,, j'ai réussi… Ma machine s'appelle la Tempomotive, machine à voyager dans le temps. “

         Il se tut, attendant l'ovation. Alexis comprit le premier et applaudit à grands cris, suivi de près par Lukas, qui entonna la Marseillaise.

         La fierté se lisait sur le visage enjoué du vieux savant. Il invita les deux enfants à entrer dans la machine mais leur ordonna, tout en montrant un doigt menaçant, de ne toucher à rien. Alexis et Lukas s'installèrent avec prudence dans les deux sièges et le Docteur Flocon-Davoine referma sur eux le cockpit. Après quoi, il reprit ses explications :

         ” La Tempomotive permet de fixer une date et de s'y retrouver, et, ce à un endroit choisi. Il y a un microphone de traduction bidirectionnelle qui permet de communiquer dans la langue des gens chez qui on atterrit. Le microphone est doté d'un bouton de secours qui vous propulse à l'intérieur de la machine et vous fait revenir à aujourd'hui en cas de danger… “

         On sonnait à la porte. Le Docteur s'éloigna pour ouvrir au technicien du gaz et accompagna ce dernier à la cuisine. Cependant, Alexis et Lukas contemplaient les écrans et les boutons. L'un d'eux était libellé “On Off”. Lukas appuya dessus et un menu apparut sur l'écran central :

         Choisir :

        Année

        Personne

        Localité

        Sortie

         Alexis appuya du doigt sur la mention “Personne”. Un clavier virtuel s'alluma. Il tapa le terme “Astérix” et accepta. L'écran demanda :

         ” Mise en route ? “

         Alexis accepta. La machine émit un bruit de turbine qui alla croissant. Alexis et Lukas voyaient maintenant la chambre tourner autour d'eux à toute vitesse. Puis, ce fut un clignotement de plus en plus rapide, les jours et les nuits se succédant à toute allure. Après un temps indéfinissable, peut-être quelques secondes, peut-être quelques centaines d'années, la turbine ralentit et son vrombissement cessa tout à fait. L'écran affichait :

         ” Vous êtes arrivés à destination. N'oubliez pas de prendre avec vous le microphone bidirectionnel. “

         Alexis et Lukas se regardèrent, complètement ahuris. Ils soulevèrent le couvercle du cockpit et descendirent de la machine.

         Ils se trouvaient dans une clairière ensoleillée. Ils reconnurent immédiatement Astérix, le Gaulois, et son camarade, le gros Obélix. Ce dernier semblait occupé à fabriquer une arquebuse à flèches multiples sans doute destinée à la lutte contre les Romains. Le microphone bidirectionnelle se régla automatiquement sur le celtique vulgaire. Astérix se retourna et aperçut les enfants :

        ” Que faites-vous ici ? Qui êtes-vous ? Des espions romains ?! “

        Le regard bienveillant du Gaulois rassura les enfants. Ils s'avancèrent. Aléxis assura :

        ” Non, nous sommes des touristes venus de loin et nous voulons t'aider à chasser le vilain César du pays.

               Ah ! Vous connaissez ce vieux Jules ?

               Oh, seulement de réputation, c'est un fier guerrier !

               Il nous donne bien du fil à retordre, la brute… Mais nous l'aurons Il gagnera neuf fois sur dix, mais la guerre se terminera à notre bénéfix. Comment vous appelez-vous ? “

        Alexis répondit :

         ” Lui, c'est mon frère Lukax, et moi, je suis Alesix.

               Ah ? Vous venez d'Alésiax ?

               Disons, de la rue d'Alésia, enfin, je me comprends…

               Il est grand temps que cette guerre finix, cela nous cause trop d'embarrax. “

               Selon nos informations, M. Astérix, cela va plutôt mal finir. Le meilleur conseil que nous pouvons te donner, c’est de faire retraite jusqu'en Bretagne. Les Romains n'oseront pas aller te chercher si loin.

               En Bretagne ? Vous croyez ?

               C'est ce qui est écrix dans nos livres d'histoire, en tout cas. “

        Astérix réfléchit longuement avant de répondre :

        ” Oui, je sens bien que les Romains ne vont pas lâcher prixe. Ils sont fous, ces Romains. Ils foncent au galop romain, d'ailleurs… Lutter encore, c'est de la folix. “Obélix essuya une larme. Les deux Gaulois serrèrent  la main des enfants et les raccompagnèrent à leur machine. Aléxis promit de parler à M. Goscinnix et à Uderzax pour qu'ils immortalixent les deux braves Gaulois. On referma le cockpit.

         

        Chapitre 3

        Lukas ouvrit le menu et choisit : “Personne” Il tapa sur le clavier le nom de Lucky Luke. Aléxis enclencha la manette de départ. La turbine se mit en marche. Astérix et Obélix disparurent. Le silence une fois revenu, les enfants ouvrirent le couvercle de la cabine et sortirent. Ils se trouvèrent dans un désert aride. Le soleil brillait et il faisait chaud. Les deux gamins remarquèrent qu'ils se trouvaient au bord d'une falaise abrupte. Quelqu'un semblait crier à tue-tête . Alexis actionna le micro bidirectionnel. La voix criait d'un air rageur :

        ” Bon sang de bonsoir ! Comment vais-je encore sortir de là. C'est bien beau, ça, “à suivre”. Quoi, à suivre ! Comment je vais m'en sortir, moi. Elle est bonne, celle-là, à suivre ! “

        Les enfants marchèrent en direction de la voix. Un joli cheval blanc broutait paisiblement dans la maigre végétation de l'endroit. Un vieil arbre penché s'accrochait péniblement au bord de la falaise. L'une de ses grosses branches se balançait doucement. Alexis et Lukax approchèrent prudemment. Un cow-boy coiffé d'un grand chapeau se tenait suspendu au dessus de l'abîme, les bras tendus. Il aperçut les enfants et s'écria :

        ” Eh ! Vous deux, là ! Tirez-moi de là ! Les Dalton vont se pointer et vont faire un cartoon, un carton, je veux dire ! Il faut que je me taille d'ici avant la publication du prochain épisode ! Et plus vite que ça ! “

        Alexis porta le micro à ses lèvres et remarqua :

        ” Nous regrettons beaucoup, mais nous n'avons pas la force ni les moyens de te faire sortir de ce mauvais pas. Débrouille-toi tout seul. “

        Lukas intervint :

        ” Une seconde, tu t'appelles Lucky Luke, non ? “

        Le cow-boy répondit, très étonné :

        ” Tiens vous me connaissez ?

               Bien sûr, et aussi ton cheval, Jolly Jumper. Mais tu as raison. Voici d'ailleurs les Dalton, là-bas, qui arrivent. “

        Lucky Luke s'emporta :

        “Alors, grouillez-vous de me tirer de là, sinon ils vont me tirer dessus. “

        Lukas répondit calmement :

        ” Ne t'inquiète pas. C'est toi qui vas les mettre en fuite. Tu fais comme je te dis,  à la lettre, au doigt et à l'œil, et tu vas voir que tout va s'arranger… “

        Lukas donna ses consignes à l'homme qui se balançait au bout de sa branche. Comme les Dalton approchaient, ils aperçurent leur ennemi hors d'état de leur nuire. Ils sortirent leurs révolvers et s'apprêtèrent à tirer. Lucky Luke lâcha la branche, baissa les mains, attrapa ses deux colts, visa et tira quatre balles qui touchèrent les quatre bandits à la main. Puis il remit

        vivement ses armes dans leur gaine, releva les mains et rattrapa sa branche qui commençait déjà à se redresser. Les Dalton s'enfuyaient. Lucky Luke s'écria :

        “Je l'ai échappé belle. Mais comment saviez-vous que cela allait marcher ? “

        Lukas répondit :

        ” C'est bien connu, tu tires plus vite que ton ombre. “

        Pendant ce temps, Alexis se dirigeait vers Jolly Jumper. Il lui flatta le museau en signe de camaraderie et décrocha le lasso attaché à la selle. Il le dénoua entièrement et attacha solidement l'une des extrémités au pommeau de la selle. Puis il courut vers le vieil arbre, tenant l'autre bout en main. Il cria à Lucky Luke :

        ” Tiens bon, M'sieur Lucky Luke ! Les secours arrivent ! “

        Il jeta  le bout de la corde qui tomba sur la branche. Lucky Luke comprit ce qu'il avait à faire. Il saisit la corde d'une main et l’entortilla autour de sa ceinture. Quand l'opération fut terminée, il reprit la branche des deux mains et annonça :

        ” Je suis prêt. “

        Alexis prit Jolly Jumper par la bride et lui ordonna de marcher doucement. La corde se tendit. Lucky Luke lâcha la branche et commença à tomber dans le vide. Raidissant les jambes, il arriva à se maintenir le long de la falaise. Il agrippa une touffe d'herbes et attendit. La corde se tendit davantage encore et finalement, l'enleva vers le haut de la falaise. Une minute plus tard, il se rétablissait au bord de l'abîme. Il fit quelque pas en avant, enleva son chapeau et s'épongea le front d'un revers de manche. Après s'être roulé une cigarette qu'il alluma, il se décida à remercier les enfants. Il se présenta :

        ” Lucky Luke.

               Alexis et Lucky Lukas ! “

               Lucky Lukas ?! Mais lors nous sommes copains!

               Comme Boule et Bill, comme Tintin et Milou, comme Spirou et le Marsupilami ! “

        Lucky Luke reconduisit les enfants à leur machine. Les deux frères promirent de présenter les hommages de M. Luke à Madame Goscinny et ils repartirent pour une destination inconnue.

        Chapitre 4

        Lukas avait appuyé sur le menu “Destination aléatoire” pour voir où la Tempomotive les emmènerait. Lorsque la turbine cessa de tourner, les enfants remarquèrent qu'ils se trouvaient derrière un paravent, dans une grande salle très haute de plafond. Lukas demanda à son frère :

        ” Où sommes-nous et quand sommes-nous ? “

        Alexis pressa la mention “Plus de détails”. Les renseignements suivants s'affichèrent :

        “1815 – Château de Chambord”

        Il dit à voix basse à Lukas :

        ” Attends un peu, je crois que nous n'allons pas nous ennuyer ! “

        Effectivement, un brouhaha sourd se faisait entendre dans la grande salle. Quelqu'un frappa le plancher à l'aide d'un lourd bâton. On criait :

        ” Silence ! Silence !”

        On entendit un bruit de pas lourds et hésitants, puis un silence pesant s'établit.

         Une voix  profonde et grave se fit entendre, qui forçait les assistants au silence.

        Alexis et Lukas, sortis de la machine, observaient de derrière le paravent. Des dizaines de messieurs en uniforme de l'Empire et en habits contemplaient un vieux monsieur qui se tenait debout, appuyé sur sa canne, l'échine courbée, le dos tourné à la paroi qui cachait les enfants.

        L'homme à la voix grave continua :

        ” Monsieur le Duc de Chambord accepte-t-il de remonter sur le trône de ses ancêtres ? “

        Le vieux monsieur toussota d'un air embarrassé. Alexis et Lukas l'entendirent balbutier :

        ” Est-ce que je sais, moi ? J'ai pas eu assez d'embêtements comme ça, par hasard ? “

        L'homme répéta la question :

        ” Monsieur le Duc de Chambord accepte-t-il de remonter sur le trône de ses ancêtres ? “

        Alexis tira vivement un calepin et un crayon de sa poche et griffonna quelques mots sur une page qu'il arracha. Il passa la feuille entre deux pans du paravent de sorte qu'elle toucha la main que le vieillard tenait derrière son dos. Machinalement, les doigts se crispèrent autour du papier. Le Duc de Chambord releva la main et approcha le papier de son lorgnon. I l lut à haute voix la phrase suivante :

        ” Mais je n'en suis jamais descendu ! “

        Une ovation accompagna ces paroles bizarres :

        ” Il accepte ! Il accepte ! La France est sauvée ! “On applaudissait, on riait, le tumulte battait son plein. L'homme à la voix profonde reprit

        ” Votre Majesté règne donc sous le nom de … ? “

        “Le Duc toussota une deuxième fois, plus embarrassé Encore qu'auparavant. Il hésitait :

        ” Hmm… Peut-être euh… Henri… François… Philippe… “

        Une seconde fois, sa main frôla un papier qu'on lui tendait derrière son dos. Il lut :

        ” Louis XVIII ! “

        ” Bravo ! Bravo ! Vive le Roi Louis XVIII ! “

        Mais la séance n'était pas encore levée. L'homme aux questions récidivait :

        ” La couleur du drapeau national, votre Majesté ?

        Hmm. Blanc ! “

        Des murmures se firent entendre. L'animateur de la réunion semblait embarrassé, à son tour

        ” Réfléchissez bien, votre Majesté, le blanc c'est un peu salissant, souvenez-vous de 89. Enfin, si vous insistez, blanc une fois… Blanc, deux fois… “

        Un nouveau billet. Le Roi annonça :

        ” Bleu, blanc, rouge ! “

        Ce fut l'apothéose. On installa Louis XVIII sur son trône et chacun vaqua à ses occupations. Lukas frappa sur l'épaule de son grand frère :

        ” Dis-donc, si on allait se restaurer, nous aussi ? “

         

        Chapitre 5

        Alexis choisit la mention “Personne” et tapa le nom de Thésée sur le clavier. Comme la turbine stoppait et que les enfants sortaient de la Tempomotive, ils entendirent des pleurs et des reniflements. Ils se trouvaient sur une jolie plage au bord de la mer et l'on pouvait voir une île à l'horizon. Un jeune et une jeune femme pleuraient à chaudes larmes. Alexis mit en marche le microphone bidirectionnel. Le jeune homme disait :

        ” Oh ma chère Ariane ! Je ne te reverrai sans doute jamais ! La mission où Monsieur mon Papa m'envoie, c'est un aller simple pour la Crète ! Je vais me faire croquer par ce vilain Minotaure ! “

         Tu n'as pas pris ta grande épée avec toi ?

        Si ! Mais le problème, c'est le retour. Comment veux-tu que je me sorte de ce fichu labyrinthe ? Le père Dédale en a de bonnes, c'est un vrai casse-tête chinois, paraît-il. On ne peut jamais en sortir. “

        Les larmes redoublaient. Alexis demanda à Lukas :

        ” Dis donc, t'as pas une pelote de ficelle sur toi, par hasard, toi qui as toujours des tas de trucs dans ta poche ? “

        Lukas se fouilla et extirpa une grosse pelote de fil de nylon toute neuve. Alexis sauta de joie . Il arracha la pelote des mains de son frère et courut vers le couple, le micro à la main :

        ” Tout va s'arranger, vous allez voir ! Mademoiselle Ariane, attache le bout de ce fil de nylon autour de la taille de Monsieur Thésée et prends bien garde de ne pas perdre le fil de l'Histoire. Et toi, M'sieur le Prince, monte dans ta barque et en avant, sus au Minotaure ! Bon voyage ! “

        Les deux jeunes gens contemplaient les gamins d'un air hébété. Ariane comprit la première et s'écria :

        ” Mais oui ! C'est la solution ! Ils ont raison . Quand tu te trimballeras dans le bric à brac de Minos, tu auras le fil derrière toi ! Tu n'auras qu'à le rembobiner pour retrouver ton chemin ! Pas si bêtes que ça, les gosses ! “

        Thésée embarqua et se mit à ramer de toutes ses forces. Ariane invita les enfants à un bon repas à base de fèves et de féta, le fromage national de l'endroit. Ariane avait attaché le fil  à sa cheville  par trois nœuds coulants bien serrés et l'avait en outre passé autour d'un des pieds de la table du repas, pour plus de prudence. Cela la gênait un peu dans ses mouvements mais elle s'en tira en sautant à cloche-pied. Le gros de la pelote avait été déroulé sur le sable fin et on voyait  les boucles se défaire les unes après les autres, au fil de la progression du valeureux héros. Après trois ou quatre heures, le fil cessa de se dérouler. Ariane était folle d'inquiétude. Alexis la rassurait de son mieux :

        ” Ne t'en fais pas, Mademoiselle la Princesse, ça va bien se passer. Mais fais un peu attention, quand Thésée va revenir, faudra faire attention à ne pas te tromper de drapeau, il en va de la santé du Papa Egée… “

        Lorsque la barque de Thésée fut en vue, les enfants se séparèrent d'Ariane en lui souhaitant beaucoup de bonheur avec Monsieur le Prince et il reprirent place dans leur véhicule tempomotive.

         

        Chapitre 6

        Lukas choisit la locution “De Gaulle” et la tempomotive atterrit dans un grand cabinet de travail. Un vieux monsieur à la mine sérieuse et aux bajoues tombantes suçait le bout de son stylo d'un air songeur. Il grommelait :

        ” Comment vais-je terminer ce discours, voyons voir… Nous sommes tous égaux ! Non, c'est idiot… Vous et moi, en avant ! … Non c'est absurde… Moi d'abord, vous ensuite ! … Non, cela ne fait pas sérieux… L'Etat, c'est moi ! Non, ça, c'est Louis XIV… Il faut que je dise d'abord “Je” et ensuite “vous”, ça c'est évident… Mais quoi ?! … “

        Alexis et Lukas avancèrent d'un pas hésitant. Le Général les aperçut et les réprimanda vivement :

        ” Mais qu'est-ce que vous faites là ? Qui vous a permis d'entrer dans mon cabinet de travail ? Je vais appeler mes gorilles et ils vont vous donner une correction, petits garnements ! “

        Lukas prit la parole :

        ” Mon Général, nous ne faisons pas de mal. Seulement, nous avons une faim de loup. Si tu nous invites à diner avec toi à l'Elysée, nous te donnons la phrase qui va finir ton discours. “

        Le vieux Général éclata de rire :

        ” Cela fait trois heures que je cherche et vous, comme ça, après diner, vous me donnerez la clé de l'énigme ?! Vous savez quoi, d'abord ! “

        Il sonna son maître d'hôtel. Dix minutes plus tard, ce dernier entrait, poussant devant lui une table roulante pleine des délices les plus succulentes de l'Univers. Les enfants déclinèrent la proposition d'accompagner leur diner d'une rasade de vin blanc et demandèrent si on pouvait avoir de la limonade à la place. La maître d'hôtel sembla choqué mais obtempéra sur un signe impérieux du Président de la République. Le repas se passa dans la bonne humeur. Le Général riait de l'imagination des enfants qui prétendaient être entrés chez lui à l'aide d'une machine à voyager dans le temps, cachée derrière le rideau d'une porte-fenêtre. Il ne se donna pas même la peine d'aller voir derrière le rideau. Finalement, les fraises à la Chantilly une fois avalées, il demanda qu'on lui annonce la phrase salvatrice. Les enfants, qui s'étaient concertés à l'avance, se levèrent et annoncèrent à l'unisson :

        ” Je vous ai compris ! “

        Le Général applaudit à grands cris, sauta sur son stylo et ajouta la phrase au bout de son discours. Il pouvait maintenant s'adresser à la Nation le cœur léger.

         

        Chapitre 7

        Alexis choisit le menu “Année” et tapa -1111. La Tempomotive proposa la localité de Troie. Alexis accepta et la turbine se mit en marche. Quelques secondes plus tard, les deux enfants descendaient de la machine. Ils se trouvaient à l'intérieur d'une large tente où une trentaine de chevaux hennissaient et frappaient du pied avec impatience. Il régnait là une odeur de foin et de fumier. Lukas éternua deux ou trois fois et se moucha bruyamment. Il invectiva son grand frère :

         

        ” Où nous as-tu amené, cette fois ?

               Tu vas voir, ça en vaut le spectacle. “

        Effectivement, dès leur sortie de la tente qui servirait d'écurie, un spectacle extraordinaire s'offrit à leurs yeux. Des milliers de tentes étaient dressées en face d'une muraille imposante. Des milliers de soldats casqués de cuivre et vêtus de jupes courtes stationnaient ou déambulaient de gauche et de droite. Des sentinelles les observaient, postés les uns contre les autres sur la muraille. Alexis et Lukas se faufilèrent entre les tentes sans être remarqués. Ils arrivèrent à une sorte d'esplanade où  un homme de haute taille faisait les cent pas tout en se tortillant les poils de barbe. Alexis mit le microphone bidirectionnel en action pour comprendre ce que l'homme se disait à lui-même :

        ” Mon vieil ami, t'es mal parti ! Toujours les mêmes fanfaronnades, les mêmes coups de gueule ! Cette façon que j'ai eu de dire : C'est pas un problème, on les aura ! Ce soir, on les aura ! Et Agamemnon qui me fait confiance ! Et Ménélas, qui dit partout : “Ce roi-là, y y en a pas deux comme lui ! ” Comment vais-je m'y prendre ? Je vais me tourner en ridicule, et les Troyens vont se payer ma poire ! “

        Soudain, il aperçut les enfants et frappa du pied :

        ” Mais d'où sortez-vous, vous autres ? D'abord, qui êtes vous ?

               Alexis et Lukas !

               Ah vous avez des noms à peu près grecs, en tout cas pas troyens, ça va. Mais c'est pas un endroit pour laisser trainer des galopins de votre espèce. Vos parents ne font vraiment pas preuve de responsabilité en vous laissant courir les champs de bataille. Moi, quand j'avais votre âge, ma mère me disait toujours : Ulysse, ne va pas là-bas ! Ulysse, viens ici ! …”

        Les enfants sautèrent de joie :

        ” Oh, c'est toi, Ulysse, de l'Odyssée ? Quelle veine !

               Vous parlez d'une veine. Les miennes vont éclater si je ne trouve pas une solution immédiate. “

        Les deux enfants se firent un clin d'oeil mutuel. Alexis d

        #161218
        Christiane-JehanneChristiane-Jehanne
        Participant

          Bonjour,

          Oui.

          Et ce sera très sympathique à écouter.



                Alexis d 

          Ne manque t il pas un petit quelque chose… chère Cocotte.

          ou bien c’est ma tablette…



          Toute confiance en vous,  

          donc O.

          Toutes mes amitiés,

          #161219
          CocotteCocotte
          Participant

            Je vous présente toutes mes excuses. Je n'arrive pas à comprendre ce qui s'est passé. Je suis désolée.

            Mais l'erreur peut se réparer facileemnt. Voici la fin de l'histoire.

             

            Merci à tous.

                                                      ___________________________________

             

            Les deux enfants se firent un clin d'oeil mutuel. Alexis demanda :

            ” Nous sommes devins. Exposez-nous votre problème et, contre deux petits pains et deux bouts de fromage, on vous arrangera la chose.

                   Vous êtes devins ? Décidément, c'est mon jour de chance. Bon, le problème se pose comme ça : les Troyens d'en face, ils ont enlevé la belle Hélène, enfin, bon, c'est une autre histoire. Bref, j'ai promis de la ramener ce soir même. Je n'avais pas réfléchi au problème que cela pose. Il faut d'abord entrer dans cette sacrée ville et ça, c'est pas coton. Il y a des remparts forts comme le bras, avec des sentinelles pas commodes dessus.

                   Nous allons réfléchir une minute au problème et nous te donnerons une solution définitive. “Les enfant firent mine de réfléchir profondément

                    Finalement, Lukas annonça :

            ” Voilà. Le seul moyen d'entrer dans Troie, c'est d'obtenir le concours des gens de la ville eux-mêmes. Tu vas leur proposer une offrande qu'ils seront bien obligés d'accepter et comme ça tu pourras pénétrer discrètement dans la ville.

                   Pas bête, ça, tiens ! Mais quel genre d'offrande ?

                   Quelque chose qui te permettra de faire entrer un demi-bataillon de soldats à l'intérieur et qui opèreront sous le coup de la surprise.

                   Je vois, je vois… Facile à dire, dur à faire…

                   Facile, reprit Alexis. Envoie une flèche avec un papyrus demandant la permission d'offrir un gros cheval du Péloponnèse aux Dieux troyens. Pendant que les gens de la ville délibèreront, fais toi fabriquer un cheval de bois tout creux et monté à roulettes et qui cache dedans deux cent soldats. Tu vas voir. Il y a toutes les chances que ça roule. Ils n'y verront que du feu ! “

            Ulysse accepta l'idée avec joie et la fit exécuter sur le champ. Il offrit un repas royal aux deux enfants mais se garda bien de raconter à quiconque que l'idée venait d'eux. Le lendemain, la belle Hélène était libérée et les Grecs rentraient chez eux.

            Chapitre 8

            Alexis tapa le nom “Bayard” sur le clavier de la Tempomotive. La machine les déposa sur la rive d'un large fleuve. On entendait des clameurs en français et en espagnol. Les enfants aperçurent un homme vêtu d'un pourpoint de velours, d'un pantalon de laine grise et de hauts de chausses en cuir jaune qui gesticulait, une épée à la main :

            ” Au suivant de ces messieurs ! A qui le tour, hombres ? “

            Debout sur une étroite passerelle jetée sur les deux rives, il haranguait une foule de soldats ennemis qui n'osaient avancer. La bataille du Garigliano arrivait à son paroxysme. Un officier espagnol s'avança, l'épée à la main, et demanda :

            ” C'est tou qué tou n'en ess le cabalero Bayard sann por y sann reprochito ?

            C'est mézigue, mon pote, que je vas t'faire avaler ton bulletin de naissance ! “

            Lukas chuchota :

            ” En quelle langue parle-t-il ?

            -En vieux français, mais il ne le sait pas lui-même. L'autre parle en petit catalan. “

            L'officier espagnol fondit sur le chevalier. Celui-ci se fendit, para, contrattaqua et jeta son adversaire à l'eau.

            ” Au suivant ! A qui le tour ?

            De temps en temps, un soldat espagnol tentait sa chance et s'avançait. Mais à chaque fois, le chevalier sans peur et sans reproche le flanquait à l'eau et il avait le choix entre se noyer ou regagner la rive à la nage.

            Bayard marmotta :

            ” Bon, c'est pas tout ça, mais je commence à fatiguer, moi. Et puis, j'ai rien pris depuis hier soir, ça commence à bien faire… Et puis j'aimerais bien voir les infos… “

            Alexis demanda à Lukas s'il avait sa lampe laser avec lui. Lukas sortit l'objet de sa poche, l'alluma et la tendit à son frère. Celui-ci rampa jusqu'au ponton et appela :

            ” Eh, M'sieur le chevalier ! J'ai ce qu'il te faut ! Tu vas leur en mettre plein la vue ! “

            Bayard se retourna et aperçut le héros couché dans le gazon :

            ” Tiens, un héros en herbe ! On n'a jamais oyé pareille sujet d'estonnement ! “

            Alexis leva la lanterne et fit passer  le flot de lumière devant les yeux de l'intrépide combattant. Celui-ci émit un gémissement de douleur :

            ” Aïe mes yeux ! Mais ça va pas, non ?! “

            Alexis tendit l'instrument démoniaque au chevalier et lui dit :

            ” Avec ça, tu vas la gagner ta bataille, M'sieur Bayard ! ”

            Le chevalier sans peur et sans reproche comprit l'usage qu'il pouvait faire du petit instrument. Il se retourna vers les troupes espagnoles et les brava :

            ” Je compte jusqu'à trois ! A trois, tout le monde décampe !  Un… Deux… Trois !!! “

            Puis, d'un lent revers de la main, il projeta le jet de la lampe dans les yeux de ses ennemis. Trente secondes plus tard, c'était la débandade complète. Hommes et chevaux tournaient et bride et s'enfuyaient à toutes jambes en criant à la sorcellerie. La bataille du Garagliano était gagnée.

            Alexis pria le valeureux soldat de lui rendre la lampe laser et l'étonna quand il précisa :

            ” M'sieur le chevalier, ça se trouve dans tous les supermarchés, département d'électroménager. Tu demandes une lampe laser et puis voilà, c'est gagné ! “

            Epilogue

            Alexis remarqua qu'il était bien tard et que Mamie Artémise devait s'inquiéter. Les enfants remontèrent dans la Tempomotive et pressèrent sur le bouton “Retour en catastrophe”. La turbine se mit à vrombir mais le bruit était couvert par des cris stridents :

            ” Alexis ! Lukas ! Oh mon Dieu ! le cockpit est fermé ! ils vont s'asphyxier !”

            Le Docteur Flocon-Davoine sourit à sa voisine :

            ” Pas de danger ! La machine est équipée d'un système de renouvèlement d'oxygène automatique qui vous permet d'y rester pendant plus de trois mille ans ! “

            Il ouvrit le couvercle et demanda d'un air espiègle :

             

            ” Alors, les grands, on a bien dormi dans la machine à tonton Théodore ? “

             

            #161220
            Christiane-JehanneChristiane-Jehanne
            Participant

              Ah.. c’est parfait!   2ème O.., si j’ose.

              c'était une … espièglerie…

              J’ai hâte de vous écouter, espérant que ce sera validé…

              Amitiés,

              Chr.J.


              #161221
              BruissementBruissement
              Participant

                O

                #161222
                Daniel LuttringerDaniel Luttringer
                Participant

                  Cela se déroule cOmme dans un rêve…

                  #161225
                  Christine TreilleChristine Treille
                  Participant

                    O

                    #161229
                    CocotteCocotte
                    Participant

                      Shmuel me demande de vous remercier tous pour votre aimable vote. Il est très touché de votre sympathie.

                      Je vous remercie aussi, personnellement.

                      Amicalement

                      Cocotte

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