(N) RABIE – L’Eternel (Extrait – chapitre 2)

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    rrabie
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      rrabie
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        CHAPITRE

        Ce matin-là, Il n’était pas sûr de lui, comme toujours, mais ce n’était pas de sa faute, il n’était pas ainsi avant quelques temps, c’était plutôt ses mésaventures successives qui le mettaient toujours en garde. Petit à petit, il a pris l’habitude d’être en harmonie avec son entourage le plus proche. Quelques évènements passèrent aussi rapidement que possible, d’autres, au contraire, c’était comme l’éternité. Et le voilà encore une autre fois attaqué par ses doutes. Cette fois-ci, il était insoucieux de toutes les circonstances, son seul objectif était d’atteindre son rêve quelques soient les sacrifices à présenter  et les promesses à tenir. Malheureusement, son rêve n’était, après quelques adaptations, qu’un minable poste de travail.

        Il a pris un souffle profond, a frappé légèrement, la porte s’ouvrait, ils ont traversé un long couloir pour arriver enfin à son bureau. Il était bien clair, avec des fenêtres larges. Sur la table placée au milieu deux manuels d’apprentissage, quelques feuilles éparpillées, quelques stylos de couleurs différentes. Autour de la table une dizaine de chaises. Sur les mures des tableaux  sombres reflétant une présence de peintre  de l’obscurité. Pas très loin de cette table ronde, se trouvait un bureau de luxe doté de toute sorte de splendeur, bien évidement, nous sommes en plaine technologie. Le directeur de l’établissement l'a invité poliment à s’assoir, puis il a retiré une chemise jaune, elle était dans le tiroir gauche. Il le reconnaissait immédiatement, c’était son dossier, il a une écriture à caractère spécifique, comme ça, il ne trouve pas de difficulté pour filtrer ses demandes parmi les centaines, ou parfois les milliers postulant pour un peu de postes. Le directeur a examiné attentivement les  pièces, l’une après l’autre, ce qui a fait régner une atmosphère bien calme, et soudain, il a levé sa tête pour lui dire :         

               _ Alors, monsieur Salmi, tout est bon, demain vous pouvez commencer votre travail, je vous souhaite bonne chance. Notre entreprise a connu de véritables secousses ces dernières années, mais nous avons pu surmonter l’ensemble de ces contraintes. IL s’était arrangé bien dans son siège, il s’était tu pour quelques instants, puis il a ajouté : monsieur Ramdani m’a parlé de votre compétence et de votre parcours universitaire exceptionnel. J’espère que votre intégration à notre équipe sera un essor vers un futur de réussite et de prospérité.    

               _ Merci Monsieur le directeur. Lui répondit machinalement Sami, puis il a enchaîné avec un ton secoué : C’est un honneur pour moi de travailler avec des vrais professionnels comme vous.

        La discussion n’a pas pris beaucoup de temps. Sami a quitté le bureau du directeur pour rejoindre Réda, collègue de classe à l’université, qui comptait son dixième mois dans cette aventure. Son bureau ne mesure que trois mètres sur trois, modestement meublé, la porte était presque ouverte, et Réda  était complètement plongé dans son ordinateur.

               _ Salut amigo, enfin tu es la.

               _ C’est grâce à toi, merci.

               _ Pourquoi t’as tardé comme ça ? C’était planifié pour hier soir, j’ai honte de te rencontrer ici apes toute cette période. 

               _ C’est rien mon ami, c’est à cause de moi.

        Après une petite tournée, Sami a constaté que son ami ne se contentait pas de rencontrer les autres travailleurs, eux aussi, ils lui partageaient le même sentiment. Il n’a pas osé lui posé la question, peut être il va lui raconter l’histoire au moment opportun, c’était son meilleur ami, il lui faisait une confiance parfaite, même ses problèmes sentimentaux, il lui les confiait volontiers. En résumé, il était sa boite noire. Ce jour-là, on dirait que ce n’était pas Réda qu’il connaissait. L’essentiel pour lui était, à cet instant, comment pourrait-il gérer ses premiers jours, c’était son premier boulot entant que diplômé. C’est vrai, il a fait plein de choses auparavant, vendeur au marché public, dans un magasin, simple main d’œuvre dans le secteur du bâtiment, serveur dans un café du quartier, et il était même receveur dans un bus de transport public de voyageurs, ça ne lui posait pas de problèmes, le propriétaire était un voisin. 

        Parmi tous les petits métiers qu’il avait exercés avant c’était le métier du receveur qui lui a fasciné de plus, ce n’est pas parce qu’il était y rattaché, ou bien parce qu’il l’a trouvé agréable. Non, non, c’était vraiment fatigant, trop fatigant physiquement et moralement. Par exemple, il se lève quotidiennement à cinq heures du matin, l’heure de départ du bus dans lequel il travaillait, et comme il habite sur l’axe de leur itinéraire, le chauffeur le ramassait à cinq minutes après son départ. Ils faisaient le trajet d’une heure et demie sur une route pleine de virage pour arriver à leur terminus. Ils prenaient un repos d’un quart d’heure puis ils faisaient le trajet de retour, ce n’était que la première rotation. En somme, ils en faisaient trois par jour. Enfin de journée ils étaient tous deux, chauffeur comme receveur, complètement épuisés, c’était leur repas  quotidien de la fatigue physique. Pour être franc, ce n’est pas pour cette  raison que j’ai voulu discuter de ce métier, ce qui fascine de plus dans ce métier ce sont les gens qui l’exercent. Les anciens racontent que les honnêtes receveurs deviendront par expérience des chauffeurs, les autres finiront propriétaires de nouveaux bus. C’était dans le passé. Les receveurs d’aujourd’hui ont d’autres tendances, la plus remarquable d’entre elle, c’est les relations qu’ils entretenaient avec leurs clientes. En particulier, les universitaires. Dans les débuts et les fins de  semaines c’est la crise en matière de transport, techniquement ce sont les jours de pointe. La demande est plus élevée que le naturel, c’est la demande occasionnelle des étudiants qui préféraient passer les weekends à la maison.  Les receveurs profitaient la situation critique pour réserver quelques places à quelques privilégiées. Et c’est comme ça que commencent la coutume. Certains, vu leur âge précoce, ont intégré, par la suite, l’armée ou la gendarmerie comme profession, mais pendant les permissions ils profitaient de passer ces prestigieuses vacances dans l’ancien métier. C’était la nostalgie.  La rencontre des  mignonnes. Et c’était exactement cela qui lui torturait moralement plus. 

        Enfin, le voilà dans un bureau. Merci à Dieu! a-t-il dit.

              _ Tu es avec moi Sami?

              _ Oui, oui…

              _ Perdu comme toujours mon ami, dis moi la vérité! Quel est le projet de ta présente méditation?

              _ Rien de spécial, j’ai juste tourné quelques pages de ma vie, tu sais Réda, nous avons passé ensemble une expérience merveilleuse à l’université, les études, les nuits blanches, les excursions… C’était ma plus belle époque, et aujourd’hui, je pense que la chance va tourner vers notre destin encore une autre fois, n’est-ce pas mon génie ?!

              _ Oh ! Mon ami, ton cœur est tendre comme toujours, comment as-tu pu garder toute ta pureté enfantine ?… La traduction a cessé de faire de moi le meneur de jeu le plus habile du monde, et de tous les temps, elle m’a humilié mon ami ! Elle m’a humilié! Je n’ai jamais cru être mis dans une situation pareille!… Hélas! Nous n’étions que  des naïfs mon ami!

              _ Dis moi que tu plaisantes Réda! Dis-moi que tu plaisantes! Ne me dis pas que tu es sérieux!

              _ Dans mes premiers mois, j’étais comme un roi, tout le monde avait besoin de moi, et le directeur ne refusait guère mes propositions. Alors, les autres sont tous satisfaits de mes directives. Il m’a promis un poste supérieur et une augmentation de salaire. C’est à cette période que j’ai proposé ton nom comme successeur. Les jours passèrent, et rien n’a été concrétisé sur terrain, je n’ai pas pu supporter cette nouvelle situation, mes prestations étaient devenues modestes, et mes relations avaient tombé dans le froid.

              _ Je comprends que…

              _ Ça n’a pas été toute l’histoire mon ami, j’ai demandé 15 jours de congé depuis peu, et on vient de me les accorder.  Après demain, je serai chez moi, ça fait longtemps que je n’ai pas vu ma mère!

              _ Oh ! Amigo, nous irons ensemble, prends ton congé, profite de ta mère, et n’oublie pas de m’informer de l’heure de ton mariage!

             _ Tu reste ici Sami, tu dois tester ta chance mon ami !

             _ Tant pis pour cette minable chance, tu sais que j’ai entamé la traduction de notre livre préféré, il ne me reste que quelques pages, c’est mon occasion pour l’achever, avant de quitter ma maison, j’ai tapé ce paragraphe dans ma version propre: « La traduction est une sorte d’esclavage volontiers, une colonisation douce dont un conquérant vous oblige d’être le porte-parole de sa pensée. ». 

        Et ainsi, Sami a passé  le reste de la journée avec Réda dans son bureau, à son arrivée, c’était l’après-midi, ils étaient en été, alors ils ont fait une tournée dans la ville avant qu’ils rentraient chez eux le soir. L’accent de Réda n’a pas changé pendant toutes leurs discussions, Sami a essayé de le camer mais toutes ses tentatives ont été écrasées sur ses rochers de colère, Il a mis en place tout un mécanisme de défense, certainement, il a tellement souffert ici, il était en plus seul.      

        La chambre de Réda n’était pas plus large que son bureau, et qui va devenir, à partir de maintenant leur chambre, une petite table carrée, 60 cm sur 60, placé au coin, en dessus d’elle une télévision minuscule pas plus grande qu’une boite de chaussure. La seule chaise existait était  plus usée que la table elle-même. Une armoire qui remonte des années de la jeunesse de leurs grands pères abritait leurs affaires. Ils ont beaucoup bavardé cette nuit là. C’était la rencontre qui suivait de longes périodes de séparation. Et comme il ‘était fatigué, Sami s’était plongé sur le superposé en première étage, Réda était en rez-de-chaussée.      

        Le lendemain matin, c’était son premier jour, à la bonne heure ils étaient dans l’entreprise, tout simplement parce qu’ils y étaient refugiés. Réda l’accompagnait toujours, il lui a demandé uniquement de le suivre et de le regarder. À dix heures du matin, le directeur a appelé Réda pour lui lancer la nouvelle que son congé soit reporté pour une autre semaine afin que son ami puisse s’habituer. En apprenant la nouvelle, Sami était alors très soulagé. Les sept jours passèrent très vite, mais les 15 jours de congé de Réda étaient d’une longueur solaire. Après son retour, ils ont partagé les taches, et ainsi ils ont  passé quelques mois. L’entreprise a été ébranlée d’un sérieux scandale. C’était une entreprise étrangère, tous ses contrats ont été résiliés. Elle débutait alors le processus du licenciement des employeurs. C’était Réda le premier, et après un mois c’était le tour de Sami. Au total, il n’a y passé que six mois. Trois mois plus tard, aucune trace de ladite entreprise n’existait en Algérie.


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