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- 5 octobre 2015 à 12h28 #1442695 octobre 2015 à 12h28 #158257
Bonjour à tous,
Il y a longtemps que j’avais envie de proposer une page « Que lisez-vous ? »
Voyant que Christiane-Jehanne rêve de nous parler de Murakami, je me dis que c’est peut-être le moment.
L’idée première était que chacun puisse s’exprimer sur un livre qui l’a marqué et nous le présenter, nous dire en quelques lignes (ou plus) pourquoi ce livre lui a tant plu. Quelle lecture vous a le plus marqué au cours des douze derniers mois ? ou d’une période à votre guise ?
À vos plumes,
(Pour ma part, le livre qui m’a le plus séduit l’an passé, est certainement L’homme qui savait la langue des serpents de l’estonien Andrus Kivirähk. J’essaierai de vous en parler prochainement.)
Amitiés,
Ahikar
5 octobre 2015 à 15h08 #158258Quelle belle idées Ahikar. Je devance Christiane-Jehanne et profite de mon passage sur le forum pour entrer dans la danse, et pour commencer, je triche déjà… ce n'est pas « Qu'est-ce-que je lis ? » mais « Qu'est-ce que je viens de lire ? »… ça marche aussi ? d'après un article posté sur http://www.ecoutoulis.com
« La chanson de Roland » de Gilbert Pingeon
A propos de l’auteur
Il y a, sur le site de la société des écrivains neuchâtelois, trois biographies de Gilbert Pingeon… J’ai choisi de présenter ici la b), sa « biographie caustique », nommé aussi « biodégradablegraphie »… La voici :
Gilbert Pingeon. Vit, peint et écrit entre Auvernier et Delémont. Est né le 14 mai 1941 à Neuchâtel (Suisse), le jour même où le Neuchâtelois Maurice Bavaud fut guillotiné par les Allemands pour avoir tenté de tuer Hitler.
Chrétien, puis brechtien, puis communiste, puis maoïste groupusculisant, puis syndicaliste, puis sarcastique, n’a pas cessé d’évoluer vers un but certain : le gâtisme. Fut gardien de football, plus soucieux de l’envol que du ballon. A longtemps hésité à faire figurer la mention « fils d’ouvrier » sur ses cartes de visite. N’a finalement jamais fait imprimer de cartes de visite.
Joue de la clarinette, de la flûte traversière, de la guitare, du sax alto (débutant). Autrefois, chantait et dessinait. Ne chante plus que sous la douche mais peint à nouveau, jouissant de la liberté que lui accorde une retraite largement anticipée.
A passé de la forme courte – la chanson – à la forme longue – le roman, avec un détour par le théâtre. S’arrêtera là. Promis.
Si cela vous intéresse, je vous laisse le soin de découvrir les deux autres biographies, sur le site de l’Association des écrivains neuchatelois et jurassiens : http://aenj.ch/gilbert.pingeon. Ça vaut le coup d’œil – au beurre noir ? On ne sait jamais, avec lui… Faut savoir prendre des risques !
A propos du livre
La chanson de Roland est un roman de 242 pages publié en 2014 aux « éditions G d’Encre » au Locle.
On ne parle pas ici du poème épique du XI ou XIIe siècle – que je n’ai pas eu l’intrépidité de lire – mais bien du dernier roman… comment dire… harissa-salé… de Gilbert Pingeon, édité en 2014 aux « éditions G d’Encre » au Locle. Mais au-delà du sarcasme et du ton provocateur, ce récit dresse un portrait tout en humour et en tendresse de cette période pleine à craquer de potentiel humain et surhumain qu’est l’adolescence. Et – comme d’habitude – la qualité de la prose de Gilbert Pingeon, la richesse du vocabulaire, la fantaisie des images, apportent à ce livre une intelligence remarquable qui le rend vraiment agréable à lire.
Critique d’humeur
Il est écrit plus haut que Gilbert Pingeon vit entre Auvernier et Delémont. Ce n’est pas vrai. En vérité je vous le dis, il vit dans ma bibliothèque. Si ! Il se partage tout le premier étage avec Anne-Lise Grobéty… J’ignore tout du degré de satisfaction qu’ils ont à être ainsi serrés l’un contre l’autre sur l’étroit rayonnage, mais… Bref !
Ce qui s’écoule de la plume de Gilbert Pingeon, est une encre où se mélangent moult éclats de spinelle et de corindon finement cristallisés… D’une écriture sans pitié, il passe à l’émeri notre monde moderne, et oint sa verve avec le suif d’un humour dévastateur… Pièces théâtre, poésie, romans, nouvelles, il multiplie les moyens pour tirer le portrait de notre époque et de notre société, c’est-à-dire vous lui et moi. On s’en reprend plein la gueule mais d’une manière si maîtrisée et si convaincante qu’on en redemande…
« Un frou-frou de pantoufle s’éloigne. Je ne me trompais pas : Maman guettait, l’oreille collée en embuscade contre le panneau de la porte. L’amour maternel conduit tout droit à des comportements inquiétants, tel l’espionnage. Pesant de tout leur poids, qui va croissant avec l’âge, les mères accablent les enfants de sollicitudes et d’inquiétudes dont ils ne savent que faire. Les fils tout particulièrement. Elles en font des infirmes dépendants, des assistés matriarcaux, incapables de s’éveiller et de se lever quand ils le jugent bon. » Je m’arrête là, mais le preux Roland continue de gratiner les mères sous le feu de son éloquence durant plusieurs lignes encore.
Avec La chanson de Roland, Gilbert Pingeon a trouvé un héros à la hauteur de mes désespérances… Tout y est ; humour, révolte, cynisme, naïveté, culot, provocation, anti-« socialement-correct »… Roland cumule les qualificatifs, débride l’étalon (et la jument), incarne les valeurs de la liberté d’expression. J’ai dépassé (d’un rien…) l’âge de me permettre d’affirmer queLa chanson de Roland « parle aux ados », mais je peux témoigner qu’il satisfait la seconde ambition de son créateur : faire rire. Un peu jaune parfois, mais c’est de notre faute, aussi ! Je n’ai pas toujours réussis à me contrôler alors que, isolée dans ma lecture, au plein milieu du train bondé, un éclat de rire cherchait à me fendiller le museau… Personne n’a pourtant jamais osé me regarder de guingois. Si ç’avait été le cas je lui aurais refilé le bouquin et lui aurais dit « Ben tiens ! Et maintenant essaie de ne pas te fendre la gueule, toi ! »
« En territoire hostile, le plaisir qu’on éprouve à se conduire mal redouble. Le supporteur se mue en provocateur. Parvenu à une certaine maturité – quinze ans, ce n’est pas rien tout de même – et avec un peu de recul, je me rends compte de la réalité avec un brin de lucidité supplémentaire : au risque de froisser beaucoup de monde, je trouve qu’il n’y a pas plus con qu’un supporteur. Mais on trouve aussi le même comportement moutonnier chez les fanatiques religieux ou politiques, comme autrefois chez les Croisés ou les nazis ; je les fourres tous dans le même tiroir étiqueté : « disciples aveugles et débiles ».»
Roland Godiaux est un impitoyable ado et un auteur délicieusement impertinent. Sous sa plume, on fait drôlement peine à voir… Mais on passe de bien belles heures de lecture.
http://www.ecoutoulis.com – 01.09.2015/jb
5 octobre 2015 à 15h46 #158259Chers amis
5 octobre 2015 à 17h07 #158261Chère Christiane-Jehanne,
Vous avez bien évidemment le droit de citer des paragraphes, c’est ce qu’on appelle le droit de courte citation.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_courte_citation
Le tout est de ne pas exagérer, de le faire raisonnablement. Tous les auteurs connus qui ont un blog ne s’en privent pas. J’ai remarqué que cela va du paragraphe à des citations qui atteignent parfois une à deux pages.
Il me semble que cela répond en plus à une logique commerciale, puisqu’en parlant d’un livre, en citant quelques passages, vous donnerez certainement envie à quelques lecteurs de l’acquérir.
Bien amicalement,
Ahikar
P.-S. N’étant pas modérateur, attendez toutefois que notre chère Christine vous le confirme.
5 octobre 2015 à 17h22 #158262….votre jolie idée chemine…
et je vais évoquer le livre de Sylvie Germain,”Les Personnages ” en collection Folio,dans lequel l'auteur nous parle avec subtilité de l'arrivée des personnages dans l'entre-deux conscient-inconscient ,rêve -veille d'un écrivain.
Elle évoque Kundera,Paul Celan,Duras ….et Ezechiel….et Michel -Ange… ……entre autres.
Ils ont tellement envie d'exister,les Personnages,envie d'être lus.
Ce court livre m.a beaucoup touchée.Il est composé de25tableaux
et de 2nouvelles,écrites sûrement ,par la volonté de personnages ayant trouvé leur auteur!
Voilà,cher Ahikar,le livre qui m'a marquée, tres récemment.
Amitiés
5 octobre 2015 à 17h31 #158263…..cher Ahikar,je viens juste de lire votre message!!!merci beaucoup !
6 octobre 2015 à 12h10 #158264Je suis plongé jusqu'aux genoux dans la version japonaise du Guide de l'Utilisateur de celui qui pourrait devenir mon nouvel instrument de travail : le Smartos Mic Plus. Certes, cela n'a pas la charge érotique du catalogue Manufrance d'antan, mais cela promet tout de même… de grandes joies !
9 octobre 2015 à 20h59 #158287Ivy Compton-Burnett, romancière britannique (1884_1969) est l'auteure de plusieurs ouvrages qui m'ont quelque peu fascinée!
“Une Famille et une Fortune”, “Mère et Fils”, “Frères et Soeurs”, “Une Famille et son chef”, “L'Excellence de nos aînés”…ces quelques titres indiquent que tout tourne autour de la famille…une de ces familles bourgeoises du début du vingtième siècle, qui vivaient en cercle fermé sur une fortune plus ou moins stable…
Or Ivy Compton-Burnett nous fait entrer dans leur univers par le biais extrêmement original du dialogue. C'est au détour de conversations anodines, que se dessine avec finesse le fond psychologique des personnages, que se révèlent des traits de caractère surprenants, et sous une apparence d'exquise politesse peuvent se dévoiler despotisme, égoïsme, cupidité…
Le lecteur entre là-dedans comme dans un policier, les morts y sont d'ailleurs monnaies courantes, et pour sembler de cause naturelle, elles n'en sont pas moins souvent suspectes…et si l'ambiance reste feutrée on pénètre néanmoins dans le domaine inquiétant de meurtres jamais élucidés, de méchancetés à l'encontre de personnages aimables ou d'infidélités tenues cachées…
Tout l'art d'Ivy Compton-Burnett réside dans le déploiement de toute une intrigue, uniquement au travers de dialogues.
Alors s'il vous arrive de tomber sur une de ses oeuvres, n'hésitez pas!
12 octobre 2015 à 12h39 #158297Merci à toutes celles et à tous ceux qui se sont exprimés. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres !
Je vous donne un extrait de Chuck Palahniuk, tiré de Le réel et la fiction, qui me semble bien aller dans le sens que je souhaitais donner à cette page :
« Ce n’est que lorsque j’ai fréquenté un atelier d’écriture que j’ai découvert l’amitié fondée sur le partage d’une passion. La littérature. Ou le théâtre. Ou la musique. Une certaine vision commune. Une quête mutuelle qui vous rapproche de quelqu’un d’autre accordant la même valeur que vous à ce vague et intangible talent. Ces affections-là durent plus longtemps que le travail et les rapports de voisinage. Ces réunions régulières du jeudi soir au cours desquelles on parlait à n’en plus finir furent mon unique encouragement à continuer à écrire pendant toutes ces années où cela ne me rapporta pas un cent. Tom, Suzy, Monica, Steven, Bill, Cory et Rick. On s’est bagarrés et on s’est félicités les uns les autres. Et c’était suffisant. »
Un peu plus loin, il y a quelques lignes très intéressantes où il parle du succès de son roman Fight Club :
« Ma théorie préférée sur le succès de Fight Club, c’est que ce roman propose une structure permettant aux gens de se rapprocher. Les êtres humains cherchent de nouveaux moyens de se connecter à leurs semblables. »
Très bonne journée à tous,
Ahikar
12 octobre 2015 à 14h59 #158301Bonjour cher Ahikar et á tous,
17 octobre 2015 à 15h13 #158349Je lis…Christian BOBIN….prose poétique,si authentique et concise…:
“Les noms des écrivains disparus sont des gongs.A les prononcer j'entends leur vibration.”
dans “Noireclaire”,Gallimard.sept.2015.
Bien amicalement,cher Ahikar.
17 octobre 2015 à 16h06 #158350…et,après hésitation…que les Editions Gallimard me pardonnent…je rajoute cette citation,du meme livre,ci-dessus,sur notre site:
“Les yeux appartiennent au ciel,pas á la chair.”
…je voudrais citer toute son œuvre…!
Merci à Ch.Bobin de nous écrire de tels “haïkus “,toujours profonds et justes.
Bien amicalement.Chr.-J.
23 octobre 2015 à 5h59 #158398Bonjour à tous,
Cher Anikar,
Quelle bonne idée que cet espace d'expression !
Grand merci de nous l'avoir fait connaître !
-J'aimerais partager une citation tirée d'un recueil de contes de
notre grand poète québécois Gilles Vigneault :
« Prends pour te connaître le temps qu'il faudra
Rien qu'à te connaître tu voyageras »
-C'est une pensée réconfortante quand l'hiver est à nos portes
et que le portefeuille est trop plat pour faire
des projets de voyage vers le sud !
Amitiés d'outre-mer,
Paruline
25 octobre 2015 à 13h17 #158417Bonjour à tous,bonjour chère Paruline,proche voisine,d'une rive á l'autre de L'A..tlantique,……
……Notre aimable site…L.A…..nous rapproche….:
*******************************************
de François Cheng,de son recueil « La vraie gloire est ici« ,éd.Gallimard,2015.:
——————————- »Á la pierre…..
Nous ne faisons que passer ,
Tu nous apprends la patience,
….
Tu tiens le noeud des racines,
Contre tous les ouragans. »
——————————— »Á la source du Long Fleuve….
Austères glaciers,
Tendre filet d'eau…
…
Austères glaciers,tendre filet d'eau,
Où toute fin est commencement. »
********************************************
…et que cette jolie chaîne douce et amicale, poético-litteraire ,se poursuive longtemps .Merci beaucoup à vous ,cher Ahikar.Amitiés.Chr.-J.
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