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- 28 mai 2008 à 11h36 #146500
POUCHKINE, Alexandre – Poésies
La Chanson
(Traduction : Prosper Mérimée)
L’oiselet du bon Dieu
ne connaît ni souci ni travail.
Pourquoi se fatiguerait-il
à tresser un lit solide et durable?
La nuit est longue,
un rameau lui suffit pour dormir.
Vienne le soleil en sa gloire,
l’oiselet entend la voix de Dieu.
Il secoue ses plumes
et chante sa chanson.
Après le printemps,
splendeur de la nature,
vient l’été avec ses ardeurs;
Puis arrive le tardif automne
amenant brouillards et froidure.
Pauvres humains, tristes humains!
Vers de lointaines contrées,
en de tièdes climats,
au delà de la mer bleue,
L’oiselet s’envole
jusqu’au printemps.28 mai 2008 à 11h37 #146501Le Cavalier de bronze
(Traduction : Alexandre Dumas)
Oui je t’aime, cité, création de Pierre ;
J’aime le morne aspect de ta large rivière,
J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid,
Et tes grilles d’airain et tes quais de granit.
Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance,
C’est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs,
Que l’amant puisse lire à tes douces pâleurs
Le billet attardé, que, d’une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive.
Alors, sans qu’une lampe aux mouvantes clartés,
Dispute à mon esprit ses rêves enchantés,
Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme,
Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme.
Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté,
Tu parcours sur ton char la muette cité,
Versant aux malheureux, dans ta course nocturne,
Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne,
Et regardant au loin, comme un rigide éclair,
L’Amirauté dressant son aiguille dans l’air.
Alors, de notre ciel par ton souffle effacée,
Vers le noir occident l’ombre semble chassée,
Et l’on voit succéder, de la main se touchant,
La pourpre de l’aurore à celle du couchant.28 mai 2008 à 11h38 #146502Le Prophète
(Traduction : Prosper Mérimée)
Tourmenté d’une soif spirituelle,
j’allais errant dans un sombre désert,
et un séraphin à six ailes m’apparut
à la croisée d’un sentier.
De ses doigts légers comme un songe,
il toucha mes prunelles.
Mes prunelles s’ouvrirent voyantes
Comme celles d’un aiglon effarouché.
Il toucha mes oreilles,
elles se remplirent
de bruits et de rumeurs.
Et je compris l’architecture des cieux
et le vol des anges au-dessus des monts,
et la voie des essaims
d’animaux marins sous les ondes,
le travail souterrain
de la plante qui germe.
Et l’ange, se penchant vers ma bouche,
m’arracha ma langue pécheresse,
la diseuse de frivolités et de mensonges,
et entre mes lèvres glacées
sa main sanglante
il mit le dard du sage serpent.
D’un glaive il fendit ma poitrine
et en arracha mon cœur palpitant,
et dans ma poitrine entrouverte
il enfonça une braise ardente.
Tel un cadavre,
j’étais gisant dans le désert,
Et la voix de Dieu m’appela :
Lève-toi, prophète,
vois, écoute et parcourant
et les mers et les terres,
Brûle par la Parole
les cœurs des humains.28 mai 2008 à 11h39 #14218128 mai 2008 à 11h39 #146503Stances (à Eudoxie)
(Ecrit en français)
Avez-vous vu la tendre rose,
L’aimable fille d’un beau jour,
Quand au printemps à peine éclose,
Elle est l’image de l’amour ?
Telle à nos yeux, plus belle encore,
Parut Eudoxie aujourd’hui :
Plus d’un printemps la vit éclore,
Charmante et jeune comme lui.
Mais, hélas! Les vents, les tempêtes,
Ces fougueux enfants de l’hiver,
Bientôt vont gronder sur nos têtes,
Enchainer l’eau, la terre et l’air.
Et plus de fleurs, et plus de rose,
L’aimable fille des amours
Tombe fanée à peine éclose :
Il a fui, le temps des beaux jours !
Eudoxie, aimez! Le temps presse ;
Profitez de vos jours heureux !
Est-ce dans la froide vieillesse
Que de l’amour on sent les feux ? - AuteurMessages
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