Pauvre ARTHUR…

Pauvre Rimbaud, pauvre Lélian, pauvre Vincent (Van Gogh)… et la liste pourrait s’allonger à l’envie, morne et impitoyable, des talents méprisés, moqués, jetés dans les oubliettes de l’art, puis ressortis de leur enfer de silence pour la gloire du Dieu capital, sous les regards sans vie d’une poignée d’apparatchiks ou de technocrates richissimes, en quête de placements fructueux…
Je ne suis pas très au fait de l’actualité, mais, considérant votre message cher Sautillant, j’imagine qu’une enchère mirobolante aura eu lieu. Sur quoi ? Un manuscrit, une liste de course ou un gribouillis laissé sur un coin de reconnaissance de dette ?

Je préfère Sautillant, la même version que vous. Je la trouve plus sonore, plus mystérieuse. Mais d’un autre côté, je comprends Sollers (pour ce point précis, j’entends 🙂 ). En effet, le vers de trois pied en conclusion provoque une rupture brutale et laisse au lecteur un sentiment assez fort (et dérangeant, oui !).

Mystère, dites-vous ? Les oeuvres disparues sont légions. Elles dorment un temps dans les ports francs, ici où là, puis refont surface au gré des aléas financiers rencontrés par leur propriétaire, ou bien souvent, leur descendance. C’est une odieuse privation que l’on fait à l’humanité de son trésor commun. Une insulte aux créateurs.

Se rappeler ces mots de Ferrat évoquant Van Gogh :

“Mon prince noir et famélique, ma pauvre graine de clodo
Toi qui vécus fantomatique en peignant tes vieux godillots
Toi qui allais la dalle en pente, toi qu’on jetait dans le ruisseau
Qui grelottais dans ta soupente en inventant un art nouveau
T’étais zéro au Top 50, t’étais pas branché comme il faut
Avec ta gueule hallucinante pour attirer les capitaux
Mais dans un coffre climatisé au pays du soleil-levant
Tes tournesols à l’air penché dorment dans leur prison d’argent
Leurs têtes à jamais figées ne verront plus les soirs d’errance
Le soleil fauve se coucher sur la campagne de Provence”

Bien à vous